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Anne Bléger, « Le Cinéma muet, une industrie qui fabrique des inégalités hommes-femmes, un art capable de renverser les hiérarchies de genres », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.5ea345...
Derrière la caméra, les inégalités entre les femmes et les hommes sont fortes. Alice Guy, à qui l’on a souvent demandé pourquoi elle avait choisi « une carrière si peu féminine », décrit dans son autobiographie les difficultés qu’elle a rencontrées pour s’imposer comme réalisatrice, metteure en scène, directrice de production. La supériorité de l’homme sur la femme est une hiérarchie informelle qui s’insinue partout et fabrique des discriminations normées comme les interdictions aux femmes d’exercer certains métiers, de voter, et finalement d’occuper une place à part entière au sein de la société, qui soit libérée de la domination masculine. Les images stéréoptypées des femmes ne seraient-elles pas induites par la société elle-même, soucieuse de retrouver à l’écran ses caractéristiques et ses traditions ? L’inversion des rôles par la fiction, capable de rendre les femmes députées, et de confier aux hommes la garde des enfants (Les Femmes députées, 1913), peut-elle encourager des changements sociaux ?Cet article tente de voir comment le cinéma français des années 1895-1929 peut renverser les hiérarchies de genre informelles, tout en étant le symbole même, de par son industrie, d’une hiérarchisation très codifiée des genres en défaveur des femmes.