Foucault en Afrique. La microphysique d'une monarchie contemporaine

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Le royaume Mankon se trouve dans les montagnes de l’Ouest-Cameroun (ou Grassfields). Comme tant d’autres royaumes africains, il est en pleine revitalisation depuis les années 1980. Pourtant, le roi ne néglige rien des pratiques qui ont structuré la vie du royaume pendant au moins les trois derniers siècles. Il retient et contient dans son corps des substances transformées en substances ancestrales de vie lors des offrandes faites aux anciens défunts. Il les dispense à l’ensemble du royaume. Il fait figure de « roi-pot », réceptacle des substances de vie du royaume. Lui-même et tous ses sujets sont identifiés en « peaux » ou en récipients par des techniques de soi qui leur sont proposées, voire prescrites, et qui font partie de la culture matérielle et motrice du royaume. Les conduites sensorimotrices et la culture matérielle mises en œuvre par le monarque et ses sujets se prêtent à une analyse foucaldienne en termes de gouvernementalité subjectivante. L’œuvre de M. Foucault, élaborée en Occident, se montre pleinement pertinente pour mettre au jour la microphysique du pouvoir dans ce royaume. Elle suggère ainsi la possibilité d’études comparatives inédites sur les pratiques peu verbalisées qui constituent l’essentiel des dispositifs d’assujettissement et de subjectivation.