1 janvier 2014
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Dominique Budor, « Le cas Pirandello : une nécessité psychique nommée “Père” », Collection Filiations, ID : 10.58335/filiations.120
L’œuvre entier de Luigi Pirandello, narrateur et dramaturge mondialement connu, résonne des effets de situations parentales vécues comme pathogènes au sein de la famille : responsabilités du père de l’auteur dans la destruction de l’image du couple parental ; “folie” de l’épouse de Luigi l’accusant d’inceste avec leur fille ; fuite de cette fille chérie dans un ailleurs géographique et symbolique ; amour non réalisé du dramaturge pour une “fille d’Art” qui deviendra “fille d’élection” ; fuite de son fils Fausto, “enfant d’artiste” contraint de trouver dans un domaine artistique autre les conditions de son équilibre et du succès, etc. Les “raisons” névrotiques à la base d’une création qui se substitue à la vie (« la vie, ou on la vit ou on l’écrit », affirmait Luigi Pirandello) tissent ainsi un réseau serré. Mais, en termes d’écriture, c’est-à-dire dans la force génératrice des thèmes et des formes qu’acquièrent les diverses structurations des représentations familiales, c’est le rapport au Père qui est, autour de Luigi Pirandello (en amont et en aval), le plus irradiant : omniprésence, dans l’œuvre de Luigi, du fantasme haineux d’auto-engendrement, articulé à une soumission totale aux règles de l’image paternelle traditionnelle ; traces, dans l’œuvre dramatique de son fils Stefano Pirandello (accédant à la création littéraire d’abord sous un pseudonyme), de la sujétion et de la révolte vis-à-vis du Père-Patron.Ce sont ces tensions et ces conditionnements informant les œuvres qui sont analysées ici.