2003
Cairn
Claire Rozier, « Paysage imaginaire et spatialisation du bonheur chez Walther Von der Vogelweide », Le Moyen Age, ID : 10670/1.5hx165
Dans l’œuvre lyrique du « Minnesänger » allemand Walther von der Vogelweide (fin XIIe, début XIIIe siècle), le paysage apparaît en tant que représentation, une représentation véhiculée certes par la tradition, mais réinterprétée par le poète au fil de son œuvre sous des formes multiples et revêtues de fonctions et de sens différents. Le premier point à souligner est qu’en aucun cas ces représentations ne correspondent à une description de la réalité. Mis à part un poème, où le poète est campé face à la nature comme s’il figurait sur un tableau et se livre, à l’occasion de la contemplation de ce qu’il voit, à la méditation philosophique, l’œuvre n’atteste aucun poème où l’évocation du paysage ne soit pas celle d’un paysage imaginaire ou emblématique. Ainsi la notion de « paysage » est-elle rattachée au bonheur et au malheur, révélés tour à tour par des lexèmes, des images, des comparaisons et des métaphores qui se font l’instrument d’un idiolecte parfois ludique et souvent révélateur. La révélation consiste en l’occurrence en une opposition entre verticalité et horizontalité vues à travers le prisme des valeurs prônées par le poète. Sont évoqués des moments heureux, vécus dans la lumière de l’extase amoureuse et analogues, parfois, à des paradis artificiels ou encore des moments de malheur, à travers de sombres accents d’effacement et de mort.