LES MERRITOIRES, TERRITOIRES DE LA MER

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25 octobre 2019

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Louis Marrou, « LES MERRITOIRES, TERRITOIRES DE LA MER », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.5hz5jc


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L'apport des données satellitaires dans la deuxième moitié du XX e siècle a révolutionné la façon de voir notre planète « bleue ». On parle d'un océan global. Cette nouvelle vision permet de faire évoluer le droit maritime, savant équilibre depuis le Moyen-Age entre tenant de la mer libre et ouverte à tout le monde et une mer fermée, tenue par les nations bordières. Dès les années 1950, une série de conventions entérine le partage des océans de la mer territoriale à la haute mer. La troisième conférence sur les droits de la mer (Montego Bay, 1982) définit les notions de zones économiques exclusives (ZEE) en mer et d'eaux archipélagiques. Avec l'accroissement du commerce maritime, elle ouvre la voie à l'appropriation et à la gestion maritime. Le merritoire est l'équivalent sur les océans du territoire sur les continents : un espace nommé, approprié et auquel on donne des valeurs. Le terme est apparu au début du XXI e siècle en Europe occidentale lorsque des chercheurs ont pris conscience que notre vision de la relation terre/mer était fort différente de celle qui avait cours dans d'autres parties du monde et en particulier en Asie. Au Japon, en Indonésie et dans une grande partie du monde pacifique, il y a souvent continuum entre la terre et l'océan. Le littoral ne fait pas coupure. Les eaux entre les îles, d'une côte à l'autre, ont une importance aussi grande que l'étendue terrestre entre un côté et l'autre d'une île. Les organisations archipélagiques, c'est-à-dire les combinaisons d'alliance, de compétition, de complémentarité ou de concurrences entre les sociétés insulaires, ont aussi montré les liens forts qui unissent, via l'océan, les différentes parties d'un tout. Philippe Pelletier au Japon, Louis Marrou aux Açores, l'intuition géniale d'un Jacques Brel du haut de son motu ont forgé le terme. Le merritoire était né. Les ouvriers et ingénieurs des plateformes pétrolières d'aujourd'hui sont familiers de certains parages de la Mer du Nord ou du golfe du Mexique. Ils sont les derniers d'une longue tradition qui remonte aux nomades des mers. Les pêcheurs ont été les premiers à s'approprier des portions d'espaces maritimes. Ils reviennent sur des positions, saison après saison. Ils connaissent les courants, les écueils, les vents et se repèrent avec la couleur des eaux. Les bans de pêche du Labrador portent depuis des siècles des noms et les marins américains, basques ou bretons y ont leurs repères. Ils sont chez eux. Ils sont capables de se donner rendezvous en pleine mer. Les merritoires du XXI e siècle ont le vent en poupe. Le déploiement des aires marines protégées dans le monde oblige à une meilleure connaissance scientifique et à des choix de gestion. Les opinions publiques y portent de plus en plus d'attention. En France, les communes littorales peuvent s'approprier leur façade océane à travers les volets maritimes des schémas de cohérence territoriale. Ailleurs, des communautés de vie ou de projets s'ébauchent autour des plateformes pétrolières, entre certaines îles (Ilhas do Triangulo aux Açores par exemple) ou à travers le concept de « villes flottantes ». Ce sont nos nouveaux eldorad'eaux.

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