21 avril 2023
Irène Irena Salas, « Extraordinary Births in the 16th century », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.5ierx8
NAISSANCES EXTRAORDINAIRES AU XVIe SIÈCLEDe tout temps et en tous lieux, la naissance a suscité quantité de fantasmes. Mais surtout à l’époque que nous appelons Renaissance : non seulement parce qu’en cette « aube de notre Modernité » les médecins commencent à prêter une attention scientifique à la gynécologie et à l’obstétrique, mais aussi parce que l’on s’intéresse plus que jamais à la fabrique de l’humain et que l’on rêve d'un Homme nouveau, surgi de la "grande matrice mondaine".Tandis que des chirurgiens méditent sur les naissances réputées monstrueuses (Paré), contre-nature (Liébault, Estienne) ou artificielles (comme la césarienne de Rousset), la littérature populaire met en scène des gestations facétieuses ou des accouchements cocasses (Boccace, Rabelais, Béroalde de Verville…) et les recueils de chroniques rapportent des cas d’hommes enceints. Parallèlement, certains théologiens interrogent la naissance du Christ ou celle d’Ève, des démonologues se passionnent pour la matrice des sorcières et les clous diaboliques qu’elle façonne. Les naturalistes expérimentent la « génération spontanée » des abeilles ; les alchimistes cherchent, comme Paracelse, à fabriquer des homoncules dans des fioles… Enfin, chez les artistes et les écrivains sont omniprésentes les métaphores de la procréation, de l’ensemencement et de l’enfantement (témoins Michel-Ange, Léonard, Filarète, Érasme, Montaigne…). Mon propos est d’étudier, à la lumière de quelques-unes de ces naissances extraordinaires, ce que l’on pourrait appeler la « maïeutique humaniste » ou le « paradigme obstétrical » de la Renaissance. En conclusion, un débat pourrait s’ouvrir sur les réalités techniques actuelles (PMA) et les rêves du transhumanisme (utérus artificiel, clonage) qui ambitionne de renoncer à la reproduction sexuée pour engendrer une humanité supérieure.