D'autres visages : vers des visages reconstitués

Résumé Fr

« D’autres visages : vers des visages reconstitués »Le visage contemporain semble plus que jamais objet d’identification et de modélisation. Les dispositifs de surveillance et les outils de tracking réducteurs et déviants ne manquent pas de rappeler les pseudos sciences physiognomoniques de la fin du XIX° siècle. Qu’ils soient raciaux ou encore genrés, des profils schématiques moyens en tous genres sont mobilisés sans questionnements critiques. Le visage deviendrait alors une surface à lire, voire à décoder de manière prédictive en son absence même (l’artiste Heather Dewey-Hagborg crée des visages en 3D par prélèvements ADN, dernièrement avec le militaire activiste transsexuel Chelsea Manning).A l’heure où chacun est sommé de construire son profil et la face qui lui correspond, et faire preuve de son identité à longueur de journée, que signifie se ressembler à soi-même? Telle est en effet la définition de l’identité. La double injonction identitaire et identificatoire semble largement assimilée, encourageant ainsi une réflexion sur la réductibilité supposée du visage à la reconnaissance et à la ressemblance. Nous proposons d’engager une réflexion sur ces deux dernières « notions », alors que reconnaissance et ressemblance sont souvent mobilisées de manière indifférenciée. Que recèlent-elles singulièrement vis-à-vis de la représentation et de la reconstitution du visage aujourd’hui ? Pour aborder ces problèmes esthétiques, il sera question d’interroger certaines œuvres de l’artiste américaine Heather Dewey-Hagborg à partir d’échanges que nous avons pu avoir avec cette dernière, mais également de travailler à partir d’entretiens avec des chirurgiens esthétiques spécialisés dans le visage, pour interroger les pratiques de « corrections » physiques du visage aujourd’hui (demandes, modèles, stéréotypes, dérives, troubles psychiques telle que la dismorphophobie…).