2016
Cairn
Jean-Paul Brachet, « La racine verbale *dheh1- « verbe support » : de l’indo-européen aux prolongements latins », Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes, ID : 10670/1.5jxre7
Dès l’indo-européen, la racine verbale *dheh1- contribuait à former des locutions dans lesquelles elle ne jouait plus qu’un rôle de « verbe support ». Le sens primitif de *dheh1- était évidemment « placer, poser, établir » lorsque l’objet était un objet affecté, mais c’était aussi, de manière concomitante, un verbe « faire » lorsque l’objet était un objet effectué. Ce dernier emploi est à l’origine de nombreuses locutions dans le vocabulaire institutionnel et religieux, dont les produits se remarquent surtout en indo-iranien et, à l’Ouest, en latin et celtique : p. ex. *gwṛh2- dheh1- « faire des louanges » est à l’origine du nom du « barde » celtique ( bardos) et des locutions et sk. gíro dhā-, av. garō dā-.En latin, ces locutions se sont perpétuées en structure, elles reposent sur le verbe condere, qui a relayé l’impossible verbe simple issu de *dheh1- : carmen condere, iura condere (iura dare), lustrum condere. On remarquera que, dans ces veilles expressions, condere n’est qu’un verbe support, et ne se rapporte pas une activité artisanale ou créatrice (on l’opposera à facere, « faire » initialement créatif, qui s’est lui aussi décoloré ultérieurement). On termine en réexaminant le cas de sacerdōs/sacrificium, ainsi que l’adjectif magnificus.