3 juillet 2019
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Nicolas Gautier, « La France romantique, la conception romantique de la France », DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.5jyntf
Dès les premiers écrits romantiques émerge le sentiment d’un déclin, touchant l’Europe occidentale dans ses œuvres les plus vives. Hostiles aux Lumières et à la philosophie de l’Antiquité, jugées responsables de ce déclin, les romantiques français passent d’une attitude contre-révolutionnaire en 1814 à une réappropriation de cet héritage intellectuel, qui devient primordial dans la construction de leur imaginaire. L’on voit tout au long de ce processus intellectuel, qui commence avec l’Essai sur les révolutions de Chateaubriand et De l’Allemagne de Germaine de Staël, le développement d’une image de la France en marge avec celle de leurs contemporains. La France romantique se distingue fondamentalement par son sentiment religieux et s’oppose aussi bien à celle des révolutionnaires de 89 qu’à celle des légitimistes des années 1820. Malgré son rattachement politique au courant néo-catholique la christianité romantique s’avère marginale, sinon révolutionnaire, tant du point de vue dogmatique que sociétal. Assimilant la spiritualité au christianisme catholique et la monarchie à la royauté héréditaire, la philosophie romantique implique une contradiction qui leur est politiquement fatale, et qui les prive de toute efficience lors des révolutions de 1830 et de 1848. Les romantiques portent, sans le percevoir, une pensée qui, dès leurs débuts, les rapprochent des philosophes déistes des Lumières, en particulier de Rousseau et de Voltaire. C’est cette singularité qui nous amène à nous interroger sur l’image de la France, telle qu’elle fut pensée par François-René de Chateaubriand, Alphonse de Lamartine, Alfred de Vigny et Victor Hugo.