Construction de la vie psychique et violences conjugales : l’impact des relations précoces

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Les violences conjugales interpellent l’opinion publique et nécessitent un intérêt particulier de la scène scientifique. Multiformes et complexes, leurs conséquences sont particulièrement destructrices. Dans le vécu de violence, c’est tout l’être du sujet qui est atteint, et notamment son appareil psychique. Notre recherche, issue d’une thèse de doctorat, s’intéresse aux modalités psychiques spécifiques de femmes victimes de violences conjugales rencontrées en service de Médecine Légale et Victimologie après dépôt de plainte à l’encontre du conjoint violent. Nos hypothèses suggèrent que la qualité du fonctionnement psychique, qui repose sur la construction des enveloppes psychiques, permet à ces femmes de se protéger contre la mise en place du lien d’emprise et élaborer le traumatisme qui découle de ces situations conjugales complexes. Trois outils sont apparus particulièrement utiles, sensibles et fiables : le RSQ (style d’attachement actuel du sujet), le PBI (style de parentalité perçue par le sujet sur la période de 0 à 16 ans) et l’IES-R (niveau de stress). Nos premiers résultats montrent que des modalités relationnelles précoces marquées par le traumatisme dès l’enfance gênent la construction et la qualité des enveloppes psychiques, s’accompagnant d’importantes répercussions sur les liens affectifs et conjugaux à l’âge adulte. Les sujets sont alors aux prises avec la répétition de schémas relationnels hérités de ces relations précoces, à l’inverse de sujets ayant bénéficié de relations étayantes, sécurisantes et stables. Les situations cliniques de Maya et Camille, paradigmatiques de ces configurations psychiques et relationnelles, montrent comment deux types de parentalités distincts peuvent conduire à deux trajectoires de vie particulières à l’âge adulte.

Domestic violence challenges public opinion and necessitates special attention from the scientific community. Its ramifications are particularly damaging since they are multifaceted and complex. The subject’s entire being, particularly their psychic apparatus, is changed by the experience of violence. Our research, based on a doctoral thesis, focuses on the distinctive psychic modalities of women victims of domestic violence who present to the Forensic Medicine and Victimology department after filing a complaint against an abusive husband. According to our hypotheses, the quality of psychic functioning, which is based on the development of psychic envelopes, enables these women to shield themselves against the establishment of the bond of control and to develop the trauma that results from these complex marital situations. Three tools stood out as particularly useful, sensitive, and dependable: the RSQ (current attachment style of the subject); the PBI (parenting style perceived by the subject between the ages of 0 and 16); and the IES-R (stress level). Our first findings show that precocious relational patterns marked by trauma from childhood jeopardize the formation and quality of psychic envelopes, with significant consequences for affective and conjugal relationships in adulthood. The subjects are then confronted with the repetition of relational patterns inherited from these early relationships, in contrast to subjects who have benefited from satisfying, secure, and stable relationships. Maya and Camille’s clinical situations, which are paradigmatic of these psychic and relational configurations, demonstrate how two distinct types of parenting might lead to two diverse life paths in adulthood.