Les indices carpologiques d’exploitation de plantes fourragères et des espaces de pacage en France médiévale méditerranéenne

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29 septembre 2011

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Marie-Pierre Ruas et al., « Les indices carpologiques d’exploitation de plantes fourragères et des espaces de pacage en France médiévale méditerranéenne », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.5mh90n


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Les sociétés agro-pastorales utilisent diverses ressources végétales et espaces pour nourrir les animaux domestiques issues des pâtures (pacages), des fourrages de fauche et des fourrages de sous-produits de nettoyage des récoltes ou de transformation de denrées. L’espace pastoral, pâtures herbeuses ou arbustives consommées directement par le bétail, comprend des terres de nature différentes dont la fonction diffère selon le mode d’exploitation au cours de l’année : terres cultivées après moisson (chaumes céréaliers pâturés) ou en rotation avec une friche, prairies naturelles, maquis, garrigues, landes, forêts pâturées. Les fourrages représentent un apport de plantes et produits prélevés sous forme d’herbes, de grains ou de rameaux feuillés, dans différents espaces cultivés (champs, prairie artificielle) ou non (les mêmes que ceux des pâtures selon la saison), puis transportés, frais ou séchés, jusqu’à un lieu de consommation (de stabulation et de parcage). En domaine méditerranéen, la diversité bioclimatique depuis le littoral jusqu’aux reliefs montagnards détermine une diversité de paysages soumis à une sécheresse estivale plus ou moins prégnante. Les zones humides de la plaine, avant leur assèchement médiéval ou moderne, y ont eu un rôle déterminant pour l’irrigation naturelle ou aménagée des terres fourragères, entre autres, que la divagation des fleuves durant l’Holocène a pu contrarier. Différents outils déployés en France depuis les décennies 1970-1990 dans les domaines de l’archéozoologie, de la géo- et pédoarchéologie et de l’archéobotanique appréhendent certains traits des pratiques d’élevage à partir de divers indicateurs ou vestiges directs : morphologie des individus et composition des troupeaux, gestion d’abattage, parasites, signatures isotopiques dentaires de saisonnalité et mobilité pastorale, témoins micromorphologiques de parcages ou de stabulation (sphérolites, phosphates), structures bâties de stabulation, traces d’aménagement de prairies (fossés de drainage/irrigation) ou d’enclos, indicateurs palynologiques d’emprise pastorale sur les paysages, stigmates d’émondage sur les fragments de bois, analyses des excréments animaux (graines, fruits, tiges, rameaux, feuilles, phytolithes, pollens, spores). Parmi ces outils et sources, l’apport des vestiges carpologiques dans la reconnaissance des aliments du bétail est loin d’être négligeable. Résidus fourragers, pailles de litières et déjections contiennent les semences d’espèces cultivées et sauvages qui témoignent des plantes consommées par les catégories de bétail (ovi-caprin, bovin, équin, porcin) et des milieux et formations végétales prélevés. La contribution portera principalement sur le témoignage d’assemblages carpologiques de sites implantés entre le littoral languedocien (plaine de l’Hérault, Roussillon) et les versants est-pyrénéens (Corbières, Pays de Sault, Cerdagne). Les cas d’identification de fourrage grainier de céréales et de légumineuses cultivées (avoine, orge, engrain, seigle, vesce) dans des sites médiévaux, soulèvent la question récurrente de l’emploi polyvalent de ces espèces pour l’alimentation animale et humaine et du statut de fourrage artificiel de ces productions précédant ceux de la révolution agricole des temps modernes telle qu’elle est définie par l’agronomie moderne. Par ailleurs, des assemblages riches en plantes sauvages parmi lesquelles figurent des petites légumineuses (trèfles, luzernes), des graminées (fléole, pâturins), des hygrophiles de roselière (laîches, scirpes) et du ciste, mêlés aux graines des espèces cultivées renvoient à des cortèges végétaux de prairie herbeuse, de garrigue et de zones humides, ces dernières aujourd’hui disparues. Les critères utilisés, nombre de restes, diversité taxinomique, association de types de restes, cortèges phytoécologiques (diversité et indicateurs), contexte de découverte ne sont pas toujours pertinents pour distinguer des résidus fourragers de ceux de litières ou ces résidus et ceux d’autres emplois (toiture végétale effondrée etc.) en raison de leurs composants végétaux similaires. La représentativité des différents constituants conservés, et l’application des références multiples et inévitables aux référentiels actuels dans l’interprétation paléoécologique demeurent des limites à l’interprétation. Malgré ces obstacles, les assemblages carpologiques invitent à discuter de l’histoire de l’exploitation de ces formations dédiées à l’élevage, en articulation ou non avec l’agriculture, et à émettre des hypothèses sur leur place dans les cycles agraires médiévaux.

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