Les langues et la mort. Les naufragés et les rescapés de Primo Lévi »

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2021

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Claudine Moïse, « Les langues et la mort. Les naufragés et les rescapés de Primo Lévi » », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.5mqy9f


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Les langues et la mort. Les naufragés et les rescapés de Primo Levi 1 Introduction Je me suis souvent interrogée sur le lien étroit que les langues entretenaient avec la mort. J'ai étudié des langues que l'on disait anciennes ou mortes, le latin et le grec. Mortes parce qu'elles ne se pratiquaient plus, alors qu'elles me semblaient « vivre » avec nous puisque nous les lisions, traduisions, apprenions. C'est que les langues sont parfois assimilées à des organismes vivants avec quelques abus métaphoriques, entre filiation, parenté ou ramification, racine (Auroux, 2000 ; Lamy, 2013). Dans une vision naturaliste, pour « sauver les langues en danger 1 » (Heller et Duchêne, 2006), des appels désespérés sont parfois lancés, tel celui de Claude Hagège (2000) qui s'écrie Halte à la mort des langues. Or, au-delà de cette vie surestimée que l'on octroierait aux langues, la vie et la mort peuvent être, dans des situations très particulières, au coeur des discours et des pratiques langagières. Il y a les discours performatifs qui annoncent la mort, comme dans le cadre d'une sentence de condamnation devant un tribunal. Il y a aussi, et c'est ce qui m'intéressera ici, le rôle des langues ou des variétés de langues utilisées dans des contextes de guerre qui ont pu causer la mort d'autrui. Je me souviens des notes d'audience d'un procès de tirailleurs sénégalais, lors de la Première Guerre mondiale, qui, par la difficulté qu'ils ont eue à se défendre dans leur variété de langue, ont été condamnés à mort, contrairement, lors du même procès, à des soldats français eux aussi accusés (Van den Avenne, 2017). Je me souviens des témoignages de ces réfugiés juifs étrangers en France qui, sous le gouvernement de Vichy, évitaient de trop parler de peur que l'on reconnaisse leur accent yiddish (Badinter, 2018).

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