L'aumônerie militaire française en guerre d'Algérie

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Les quelques 200 prêtres, pasteurs et rabbins servant comme aumôniers militaires en Algérie se sont trouvés confrontés aux douloureuses question posées par ce conflit. Or leur statut, qui les fait appartenir à la fois à l’armée et à une Église, les place dans une tension permanente entre deux fidélités. Les années 1954-1956 marquent leur prise de conscience progressive des problèmes moraux. En 1957-1958, interpellée par la justification de la torture par l’un des siens, le Père Delarue, l’aumônerie catholique élabore un enseignement doctrinal sur le sujet. Diffusé en 1959-1960, il dénonce les pratiques contraires à la morale sans condamner les exécutants : il s’agit de le faire accepter des intéressés pour qu’ils s’amendent. Quant aux juifs et aux protestants, ils font un accompagnement moral et spirituel individualisé. La rigueur morale et le rappel à la fidélité à l’État seront aussi de mise lors des crises politique-militaires de 1958 et 1961.

The 200-odd priests, ministers and rabbis who served as military chaplains in Algeria came up against painful questions linked to that conflict. But their status that had them belong both to the army and to a religious institution put them in a permanent position of tension between two allegiances. The mid 1950s marked their progressive awareness of the moral problems. In 1957-1958, challenged by the justification of torture by one of their own, Father Delarue, the Catholic chaplaincy put out a doctrinal teaching on the subject. Circulated in 1959-1960, it denounced practices contrary to morality without condemning those who carried it out. The idea was to have those concerned accept it so that they could change. As for the Jews and Protestants, they dealt morally and spiritually with each case separately. Moral rigor and the reminder of faithfulness to the State were also put forward during the military-political crises of 1958 and 1961.