Les partenariats dans l’Éducation nationale, enjeux d’une hybridité public/privé. L’exemple de clubs du Rotary

Résumé Fr En

Pourquoi et comment une association mondialisée aussi influente que le Rotary Club, plutôt perçue comme conservatrice et méfiante à l’égard du développement des services publics, est-elle devenue partenaire du ministère de l’Éducation nationale en France ? Dans ce pays, contrairement à d’autres, l’entrée d’acteurs privés dans l’école échappe largement au débat public. L’apparente neutralité de ces acteurs masque les organisations qui les financent et qui définissent leurs modes d’intervention pédagogique dans les établissements scolaires. À partir d’une enquête menée entre 2017 et 2019 dans deux académies, l’article commence par décrire cette organisation quasiment méconnue qu’est le Rotary Club. Il analyse ensuite les pratiques qu’elle accomplit au sein des établissements scolaires à travers l’exemple de deux « Parcours » développés en accord avec les autorités académiques. Invisibles dans l’espace public, ces actions s’appliquent aux marges des cursus d’enseignement récemment institués et sont emblématiques sous couvert d’un effacement de la distinction entre public et privé.

‪Why and how did a global organisation as influential as the Rotary Club, which is perceived as somewhat conservative and distrustful of the development of public services, become a partner of the Ministry of Education in France? In this country, unlike others, the involvement of private actors in the education system is largely ignored in public debate. The apparent neutrality of these actors masks the organisations that finance them and that define the forms their educational interventions take in schools. Therefore, this article, based on a survey conducted between 2017 and 2019 in two regional education authorities (“academies”), begins by describing this little-known organisation, the Rotary Club. It then analyses the actions it implements in schools using the example of two "Parcours" (pathways) developed in agreement with the education authorities. Invisible in the public arena, these actions are implemented on the periphery of the recently introduced curricula and are symbolic, under the guise of blurring the distinction between public and private.‪