De l’ethnie au parler commun : espaces et cultures au Cameroun

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2003

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Jean-Claude Bruneau, « De l’ethnie au parler commun : espaces et cultures au Cameroun », Espaces tropicaux (documents), ID : 10670/1.5qj14a


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Résumé En Fr

Cameroon is usually classed as bilingual, with one part “francophone” (80% of the population) and the other part “anglophone”. Ethnically this country is, in fact, the most fragmented in Africa. Each population group is primarily defined by the land of origin, and in the towns can be identified by their language, customs, and a clichéd way of life and behaviour. Cameroon has 245 different languages (from nearly all linguistic families of the African continent). This language diversity exists particularly in highland refuges, for example the Mandara mountains, and especially the Grassfields. Nowadays the strict ethnic definition seems to be sliding towards a sort of regional patriotism. This is the case in the Grand Nord where this abundant ethnic diversity still exists, counterbalanced by the influence of the great Fulani chiefs and above all

Volontiers vu comme «bilingue», avec une partie «francophone» (80 % de la population) et l’autre «anglophone», le Cameroun est en fait, sur le plan ethnique, le pays le plus fragmenté d’Afrique. Chaque peuple s’y définit par son terroir d’origine, et jusqu’en ville par sa langue, ses coutumes, son mode d’agir et de penser (qui fait l’objet de bien des clichés). Le pays compte 245 langues (appartenant à presque toutes les familles du continent), mais cette segmentation est surtout le fait de certaines montagnes-refuges très peuplées comme les Mandara et surtout les Grassfields, et l’affirmation strictement ethnique semble glisser de nos jours vers une sorte de patriotisme régional. C’est le cas du Grand Nord, où le bariolage encore bien vivant de peuples nombreux est atténué par l’encadrement des grandes chefferies peul et surtout le ciment au moins culturel de l’islam. C’est le cas du Grand Ouest, où l’on se sent Bamiléké, Bamoun ou «Grassfield» (et en général chrétien), et qui a projeté — aux dépens de divers groupes autochtones tels les «Côtiers» — son trop-plein démographique et son dynamisme économique jusqu’au littoral et bien au-delà. Et c’est le cas du Grand Sud forestier dont les peuples bantous et tôt christianisés, qu’ils se disent Bassa, «Mbamois», Béti surtout, ou gens de l’Est, ont une évidente parenté, en continuum avec tout le sud du continent. Sur ce mode tripartite se fédèrent par affinité «autochtones» et «allogènes» des grandes villes, et s’affirme la diffusion de quelques langues véhiculaires, le fulfulde dans le nord, le pidgin english dans l’ouest, l’ewondo dans le Sud. Elles se heurtent pourtant aux deux langues officielles, l’anglais et surtout le français, le plus diffusé et en progression rapide (y compris en zone «anglophone»), et facteur primordial d’unification d’un pays dont — cas exceptionnel en Afrique — il apparaît comme la langue nationale véritable. Fait-il des cultures camerounaises des «chefs-d’œuvre en péril» ?

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