26 avril 2023
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Émeline Fourment, « Les ambivalences du militantisme ouest-allemand pour la santé des femmes : entre appropriations et remises en cause des savoirs médicaux (1971-1975) », Archive ouverte de Sciences Po (SPIRE), ID : 10.3917/crii.099.0019
Les ambivalences du militantisme ouest-allemand pour la santé des femmes : entre appropriations et remises en cause des savoirs médicaux (1971-1975) par Émeline Fourment, Université de Rouen Normandie, CUREJ Alors qu'il est régulièrement cité comme ayant été particulièrement actif, le mouvement ouest-allemand pour la santé des femmes des années 1970-1980 n'a pas encore fait l'objet d'études approfondies. Outre quelques publications isolées, peu étayées 1 , les maigres connaissances en la matière sont fournies par les historiennes de la contraception et de la planification des naissances telles Isabel Heinemann, Claudia Roesch et Eva-Maria Silies 2. Je souhaite poser ici une première pierre pour l'écriture de cette histoire, en montrant que ce mouvement naît de la lutte pour le droit à l'avortement (1971-1975), qui constitue alors un terrain de lutte entre médecins et femmes pour la décision reproductive 3. Au début des années 1970, la coalition sociale-libérale annonce une réforme du droit pénal sur l'avortement. Deux projets de lois sont alors en débat. Le premier promeut l'Indikationslösung (solution de l'indication), défendu alors par beaucoup de médecins. Ce projet de loi prévoit en effet d'autoriser l'avortement sous réserve de l'établissement d'une « indication » par un professionnel, généralement un médecin. Il s'agit par là de légaliser des pratiques déjà en cours en Allemagne, où la jurisprudence autorise la pratique de l'avortement lorsque la vie ou la santé physique et psychique de la femme enceinte sont jugées en danger, alors même que le paragraphe 218 (ci-après §218) du code pénal punit l'avortement d'une à cinq années de prison pour la femme avortante et d'une à dix années pour le praticien avorteur 4. Le second