Le dilemme viril : quand les coûts émotionnels de la dissuasion déclenchent des luttes pour la reconnaissance

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2023

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Franca Loewener, « Le dilemme viril : quand les coûts émotionnels de la dissuasion déclenchent des luttes pour la reconnaissance », Négociations, ID : 10670/1.5szp3t


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Il est aujourd’hui empiriquement bien établi que la dissuasion est un outil à double tranchant. De nombreuses études montrent que, plutôt que d’empêcher la guerre, la dissuasion peut y conduire. Si les cas dans lesquels la « promesse de souffrance » conduit à un dilemme de sécurité – et ainsi finalement à l’escalade vers la guerre – apparaissent bien documentés, ceux dans lesquels la tentative de dissuader un adversaire conduirait à un dilemme de sécurité ontologique, c’est-à-dire des dilemmes identitaires fragilisant la sécurité de soi, le sont moins. Ainsi, l’exemple des crises marocaines de 1905/6 et 1911 montre que les menaces peuvent déstabiliser le sens de soi d’un acteur visé et l’amener à chercher l’escalade pour des raisons symboliques. En effet, certains acteurs voient leur image d’eux-mêmes mise en cause par une menace dissuasive dans la mesure où la contrainte équivaut à une forme de domination et de stigmatisation qui crée une forte sensation d’humiliation. Cette émotion étant une motivation particulièrement puissante, ce ne sont pas les coûts matériels qui dominent les calculs des acteurs mais les coûts émotionnels. Ceci est particulièrement valable pour les décideurs de l’État qui sont marqués par des normes et valeurs viriles. Reculer devant des menaces peut donc sembler plus coûteux pour ces acteurs que de risquer leur existence physique.

It has been well established that deterrence is a double-edged sword. Many studies show that instead of preventing war, deterrence can lead to war. While the cases in which the “promise of suffering” leads to a security dilemma, and ultimately to war are well documented, the cases in which an actor attempts to deter an adversary would lead to an ontological security dilemma are not. The example of the Moroccan crises of 1905/6 and 1911 shows that threats can destabilize the sense of self of a targeted actor and lead him to seek escalation for symbolic reasons. Indeed, some actors see their self-image called into question by a dissuasive threat insofar as the constraint is equivalent to a form of domination and stigmatization causing great humiliation. This emotion being a particularly powerful motivator, it is not the material costs that dominate the calculations of the actors but the emotional costs. This is particularly valid for state decision-makers who are swayed by virile norms and values. For these actors, backing down from threats may seem more costly than risking one’s physical existence. In these cases, deterrence can turn into a struggle for recognition.

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