2021
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Didier Kahn, « La question des êtres élémentaires chez Paracelse », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences et des techniques, ID : 10670/1.5usldf
La notion d'esprits élémentaires a été popularisée à partir du dernier tiers du XVII e siècle grâce à la vogue littéraire des sylphes, des gnomes, des ondines et des salamandres, sortes de génies merveilleux et charmants-plus ou moins apparentés à ceux des Mille et une nuits-mis en circulation par le prodigieux succès du "Comte de Gabalis" de Montfaucon de Villars, une parodie de Paracelse parue en 1670. Ce qu'on appelle « esprits élémentaires » chez Paracelse, ce sont des êtres qui peuplent les quatre éléments. Ce ne sont pas des démons ; et ce ne sont ni vraiment des hommes, ni vraiment des esprits : cette indécision, manifeste dans les oeuvres de Paracelse (il les appelle parfois "Geistmenschen", « hommes-esprits »), n'a d'égale que le statut de la réflexion de Paracelse sur cette sorte de créatures, qui oscille entre cosmologie, anthropologie et pneumatologie. On se trouve bien ici dans des confins incertains de la nature, aux bornes — quoique toujours dans le cadre — du domaine naturel. Je m'efforcerai ici de faire le point sur la présence et le statut de ces êtres dans les œuvres authentiques de Paracelse. Leur utilisation dans les oeuvres qui lui furent faussement attribuées reste à analyser.