L’utilité publique des journaux au XVIIIe siècle (ou comment un ministre autrichien a gouverné par les médias entre 1753 et 1770 à Bruxelles)

Résumé En Fr

By studying the unprecedented growth of a French-language press in the Dutch-speaking capital peripheral of the Austrian Netherlands in the mid-18th century, this article recounts the conditions for the development of a media strategy, with a local and international focus, the center of which was Brussels. From unpublished archives (records from the Privy Council of Brussels, various letters, periodicals published or refused) revealing media representations and strategies implemented by the authorities, this article examines the stakes of a government by the media in the mid-18th century from the point of view of powers. By giving particular attention to the aborted journalistic projects and the dissensions between the protagonists, this study allows to get into the core of media political practices, so as to grasp the diversity of the actors involved in these communication dynamics and what political intelligence of the media was possible in the ‘century of the Enlightenment’.

En étudiant l’essor sans précédent d’une presse en langue française dans la périphérique capitale néerlandophone des Pays-Bas autrichiens, cet article analyse les conditions d’élaboration d’un appareil médiatique à visée locale et internationale au milieu du XVIIIe siècle. Centrée sur le cas exemplaire de Bruxelles, cette enquête est fondée sur des sources locales, variées et nombreuses : d’une part, les 9 journaux imprimés et les 5 journaux refusés à Bruxelles entre 1755 et 1767, d’autre part, des archives inédites témoignant des représentations et des stratégies médiatiques mises en œuvre par les autorités (papiers du Conseil privé de Bruxelles, correspondances diverses, dossiers de la censure). Par l’étude de cette documentation inédite, l’article met en lumière les enjeux d’un gouvernement par les médias au milieu du XVIIIe siècle, du point de vue des pouvoirs. L’attention particulière portée aux projets journalistiques avortés et aux dissensions entre les protagonistes (saisis notamment grâce aux archives de la censure) permet de pénétrer les mécanismes des pratiques politiques médiatiques du gouvernement bruxellois. On observe la diversité des acteurs politiques et journalistiques et ce que pouvait être une intelligence politique des médias au XVIIIe siècle. La figure centrale dans le phénomène ici analysé, du comte de Cobenzl, ministre plénipotentiaire autrichien à Bruxelles, sert de fil directeur pour interroger la nature et les enjeux de l’action gouvernementale dans le domaine médiatique ainsi que les débats et les difficultés qu’elle suscite, à l’échelle locale d’une monarchie composite.

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