2023
Cairn
Sonia Branca-Rosoff et al., « Genre grammatical et désignation des référents humains dans l’oral non planifié », Travaux de linguistique, ID : 10670/1.5ydigf
Cet article s’intéresse à l’emploi des genres grammaticaux pour les noms référant à des humains dans un oral non planifié. Notre analyse repose sur l’observation de sept heures de parole à partir du Corpus de français parlé parisien (CFPP2000, Branca et al., 2012) et du Corpus de français parlé à Bruxelles (CFPB, Dister et Labeau, 2017), soit 1616 noms.Sur la base de 5 catégories que nous avons distinguées, nous montrons la répartition des emplois au masculin et au féminin, et l’importance des catégories renvoyant potentiellement autant à un homme qu’à une femme : épicènes (n=353), collectifs renvoyant à des groupes mixtes (n=506), noms à genre fixe comme personne, mais qui peuvent renvoyer indifféremment à un homme ou à une femme (n=51).Nous examinons ensuite le fonctionnement du masculin, en distinguant les emplois spécifiques et les emplois neutralisants, pour les noms à alternance du morphème flexionnel (n=300), et pour les noms épicènes masculins (n=82). Pour ces catégories, au pluriel, les emplois neutralisés représentent les trois quarts des usages. La catégorie sexuée est donc fréquemment neutralisée, en particulier grâce aux épicènes et à l’emploi du masculin pluriel.L’observation qualitative des corpus montre cependant que les informations sur le sexe des référents peuvent être réintroduites au fil du discours, quand le besoin s’en fait sentir. Les locuteurs peuvent sans « trouble » passer d’un épicène masculin, conçu comme englobant les deux sexes, à un féminin pour évoquer une personne spécifique.