2020
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Emily Eells, « Le Ruskin de Proust : de l’illustration à l’illumination », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.4000/cve.6886
Cet article examine comment la dialectique ruskinienne du mot et de l’image sous-tend l’œuvre de Proust. Les rapports esthétiques qui lient les deux auteurs sont définis ici en empruntant des termes de Ruskin, à commencer par celui d’« incrustation » qui désigne la façon dont les architectes vénitiens couvraient de marbre les murs de brique ou les décoraient de pierres précieuses. Ici le terme se réfère à l’intertextualité ruskinienne dans les écrits de Proust et implique la superposition d’un texte à un autre mais aussi l’ornementation par la citation. Le concept ruskinien d’« interférence réciproque » s’applique dans cet article à l’intermédialité, mais il est également utilisé pour suggérer que Proust n’a pas seulement soustrait des éléments du texte de Ruskin, il l’a également enrichi en le traduisant et en l’annotant. Bien que ses traductions ne reproduisent pas les illustrations originales, son article sur Ruskin paru en deux parties dans la Gazette des Beaux Arts (avril et août 1900) comprend une reproduction de la Charité de Giotto et le dessin que fit Ruskin de la petite figure sur la façade de la cathédrale de Rouen. Ces deux figures sont identifiées aux « grotesques nobles », car elles correspondent à la définition que fait Ruskin de la figure allégorique qui représente une vérité inexprimable à l’aide du symbolisme. Cet article étudie comment Proust s’est approprié ces deux illustrations en les transformant en illuminations, dans le sens que Ruskin donne à ce terme dans Peintres modernes.