30 mai 2013
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Pierre Mignot, « Les représentations des publics de football : du public profane aux supporters experts », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.61739a...
Le football représente le spectacle sportif total par excellence et ce depuis déjà de nombreuses années. Le fait que ce sport soit devenu un spectacle pose un grand nombre de questions sur son évolution et surtout sur le positionnement des publics. Ces derniers ne constituent pas pour autant un objet homogène, unique, mais, à l'inverse, ils s’expriment dans le multiple, le complexe, la variété. Ils évoluent dans le temps et viennent ainsi justifier le pluriel. De plus, le traitement médiatique des publics permet d’analyser les dispositifs sémio-discursifs qui ont progressivement émergé afin de mieux élaborer les représentations médiatiques. L’intérêt d’une telle étude consiste à mettre en perspective l’évolution de l’objet étudié au travers de l’évolution du média observé. On peut ainsi analyser les différentes transformations du média lui-même dans le temps long et seule une approche historique de celui-ci permet d’en montrer à la fois le sens, l’ampleur et la portée. Pendant longtemps le journaliste seul restait spécialiste, à la fois acteur et observateur du sport et des médias (Garcia, 2000). En outre, cette approche nécessite la mise à jour et la mise en perspective du concept de « représentation médiatique ». Dans ce cadre, l’objectif de notre contribution consistera à analyser et comprendre comment évoluent et se transforment les représentations médiatiques des publics du football dans la presse spécialisée entre 1946 et 2010.Le sport d’un point de vue historique à longtemps été laissé aux STAPS qui se sont concentréNotre propos vise donc à analyser les publics au travers de deux champs spécifiques, celui du football et celui de la presse écrite qui en rend compte et dont l’existence de l’un tient, en fait, à l’importance de l’autre. Certes, la question des relations entre médias et sport a donné lieu à de nombreux débats (Derèze, 1998, Lochard, 2008, Papa, 2002) mais nous souhaitons montrer ici les relations d’interdépendance de l’un et de l’autre, la notoriété du média concerné étant étroitement dépendante de la place du football dans notre société. Le développement du football et l’importance acquise dans la société tient aussi au support qui l’a autorisé, c’est à dire le média spécialisé qui en a amplifié l’écho. Ainsi, progressivement avec le développement parallèle du support médiatique et du football lui-même, les publics de ce sport sont devenus l’objet d’études spécifiques (Lochard, 2008, Lestrelin 2010)La méthodologie mise en œuvre est double : Avec une approche historiographique de la presse sportive et du football. Il s’agit de voir comment se construisent les représentations médiatiques au regard de la théorie des représentations (Chartier, 1989) et des échelles historiques (Revel, 1996).Une approche qualitative fondée sur l’analyse des discours (Charaudeau, 1997). Il nous faut questionner l’évolution de la presse sportive par une étude du travail de journalistes sportifs (Ohl, 2001, Marchetti, 2000). Mais aussi une réflexion sur le positionnement des discours et intervenants dans le journal entre parole experte et parole profane (Touboul, 2006, Tredan, 2007).A ce point, notre travail met en avant deux résultats significatifs :L’évolution des représentations médiatiques des publics suit les étapes de la transformation du monde du football. Un découpage temporel met en avant 3 périodes : 1946/1960 comme reconstruction avec « un public toile de fond », 1960 /1980 qui renvoie à l’idée d’un spectateur avisé et 1980/2010 qui voit naitre le phénomène du « tous supporters ». Ces trois périodes montrent l’évolution mais aussi la manière dont les représentations se construisent à l’instar d’un mille feuilles : les caractéristiques de la période précédente ne disparaissent pas, elles s’accumulent pour former non pas un public homogène mais une multitude de publics qui s’apprécie à l’aune des différents contextes.L’évolution de la parole sportive entre le spécialiste déclaré et le profane montre que les publics ont toujours été des témoins qui révèlent une position spécifique à la fois dans les médias et dans le monde du football. La place que le journal leur donne pour s’exprimer ainsi que l’importance et le jugement que l’on porte sur leurs discours permet de préciser la place qu’ils occupent dans le football, en même temps que l’évolution de leurs représentations.Tout l’intérêt de cette recherche réside dans l’analyse diachronique des représentations des publics qui offre un point de vue novateur dans ce domaine. De plus, la réflexion sur le journal l’Equipe ouvre de nouvelles possibilités analytiques en même temps que le positionnement des publics en tant qu’expert ou profane, donne une dimension nouvelle à leur rôle dans le spectacle sportif.