Le miroir de sorcière du Parmesan: pour une alchimie de la matière.

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11 décembre 2008

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Véronique Merieux, « Le miroir de sorcière du Parmesan: pour une alchimie de la matière. », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société - notices sans texte intégral, ID : 10670/1.61bc67...


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Résumé Fr

La représentation du miroir, chargée au Moyen Age d’une haute fonction spirituelle, symbolique et analogique, participe à l’inverse à la Renaissance aux clartés de la raison et à l’effort de rationalisation mimétique de la représentation. La Renaissance reprend en effet la longue tradition qui a fait du miroir la métaphore même de la peinture : à la fois instrument de son travail (instrument réfléchissant) et emblème de son approche mimétique de la nature (modèle de réflexion). La peinture est instrument de connaissance et le miroir lui propose un dispositif qui opère et traduit analogiquement cette distance nécessaire à l’objectivation du monde. L’œil du peintre comme le miroir capte les images et les recompose. L’art est imitation de la nature. Le miroir est image mimétique du réel. Les progrès techniques permettent alors de passer du miroir convexe altérant au miroir plan : son image exacte et limitée valide d’autant mieux ce rapport analogique du miroir aux modalités de la connaissance des humanistes. C’est pourtant devant un miroir convexe dit « de sorcière » (emprunté par le Parmesan à un barbier) que l’artiste choisit de se placer pour réaliser en 1523 la représentation distordue de son autoportrait. Évoquant ce choix, insolite (« bizarro ») pour l’exécution d’un autoportrait, Giorgio Vasari le réduit à une lubie (« capriccio ») du jeune artiste de 20 ans et évacue immédiatement toute autre explication que celle d’une volonté d’expérimenter les artifices et astuces rendus possibles par l’art de peindre. C’est pourtant dans le reflet déformant de ce miroir convexe que se réfléchit et se manifeste pour la première fois la virtuosité singulière du peintre. C’est dans ce miroir que s’opère la transformation étirée et distordue de la matière humaine qui caractérisera par la suite l’essence même de sa manière et celle des peintres maniéristes. L'article examine les divers degrés de rupture que le miroir convexe permet au jeune peintre d’opérer avec la ressemblance ontologique de l’homme image de Dieu et sa perception Renaissante idéale. Il suggère par ailleurs les liens que ce troublant miroir établit entre la fascination de l’artiste pour le processus de transformation du réel et celle qui, quelques années plus tard, le fera semble-t-il succomber à la tentation de l’alchimie.

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