2001
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François Hiol Hiol et al., « Fonctionnement hydrologique et rendement agronomique des terrasses des Monts Mandara (Nord Cameroun) : comparaisons à différentes échelles spatiales entre systèmes agraires traditionnels et améliorés », Espaces tropicaux (documents), ID : 10670/1.63731d...
Dans le nord des Monts Mandara, (partie septentrionale du Cameroun), un système intensif de gestion de l’eau et du sol fondé sur l’usage de terrasses a été développé depuis des siècles par les Mafa, ethnie majoritaire. Leur structure et leur fonctionnement, liés aux facteurs naturels et humains, sont révélateurs du fonctionnement ou des dysfonctionnements de la civilisation agraire de ces montagnes. Le développement d’une économie de marché, les interventions multiformes des organismes étatiques et non gouvernementaux, ont-ils modifiés ce système agraire ? La structure et le fonctionnement des terrasses et leur couverture végétale ont été étudiés dans des parcelles-témoins, selon la distance par rapport à la plaine et à différentes échelles spatiales. La structure des terrasses dépend de la pente du terrain et de la proximité des concessions, mais pas de l'éloignement de la plaine. Les paysans constatent la dégradation des terrasses à cause de l’accroissement des migrations saisonnières. Au contact de la plaine, des terrasses sont abandonnées au profit de la culture commerciale du coton pratiquée en plaine. La densité des arbres et arbustes préservés est plus faible dans la plaine de Koza et sur les massirs en contact avec celle-ci que dans les massifs isolés. La composition du stock des espèces végétales cultivées est très variable suivant la situation des parcelles. La rotation biennale entre les nombreux cultivars traditionnels de sorgho et de mil se poursuit en pays Mafa. Cependant, apparaissent de nouvelles espèces (coton, maïs) et une variété améliorée de sorgho (S35) en monoculture. Ces évolutions semblent plus accentuées près des plaines. Le ruissellement sur les terrasses est très faible par rapport aux grosses ravines observées dans le piémont des monts Mandara, mais l’entretien de ces terrasses décline. Des quantités d’eau importantes s’infiltrent dans les terrasses, alimentant ainsi les nappes situées dans les piémonts. L’introduction du coton dans les terrasses devrait augmenter l’érosion et le ruissellement. On y observe déjà les manifestations évidentes d’une érosion linéaire et diffuse. L’éventuelle diminution du couvert végétal du parc arboré mafa aurait aussi un impact sur l’érosion et le ruissellement dans chaque petit bassin versant.