La satire dans la poésie lyrique : un dialogue oc – oïl ?

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2012

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Élodie Fourcq, « La satire dans la poésie lyrique : un dialogue oc – oïl ? », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.63ukhc


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Il existe plusieurs thèmes satiriques communs aux langues d’oc et d’oïl. Dans un premier temps, la satire liée aux évènements, à l’Histoire et à la politique, permet aux trouveurs de commenter leurs temps. Mais, par souci de brièveté ou de sécurité, les poètes masquent souvent leurs critiques en utilisant des topoï et en prouvant la valeur morale de leur critique. Pourtant, il est possible de définir un contexte dans des pièces, majoritairement issues de la tradition troubadouresque, car la personne attaquée est nommée ou surnommée. Les trouvères ont, eux, plus souvent voilé la satire jusqu’à la faire disparaître grâce à un discours moral et universel. La satire intervient à l’aide d’allusions perfides ou de mimes. Or, pour être comprise, elle est dépendante d’une situation déictique et d’une complicité entre le trouvère et l’auditoire. Mieux, la contextualité de la pièce dépend de la situation dans laquelle elle est (ré)actualisée. Cela prouve que certains motifs satiriques sont intemporels et que, même décontextualisés, la satire peut être entendue.La satire universelle reprend des thèmes déjà traités par les satiristes antiques ou des motifs de scènes bibliques et fait sans cesse appel à des références intertextuelles. Dans les deux traditions, les poètes sont animés par un devoir d’instruire qui se traduit, dans la poésie satirique universelle par la présence de leçons de morale. Ces dernières sont inspirées des principes voire même parfois des formes des écrits chrétiens, et les poètes satiriques, qui indiquent ce qu’il ne faut pas faire ou qui font l’expérience du mal, deviennent des guides moraux. Les troubadours et les trouvères ont surtout trouvé des points d’entente sur la place que doit occuper un poète satirique ainsi que sur les principes de vie auxquels il doit s’astreindre.Le poète satirique est, selon le topos, doué de raison ; c’est un instructeur moral mais aussi un homme clairvoyant, voire un prophète qui annonce l’apocalypse. Le monde est, selon la satire, dirigé par les vices et le poète tente, tant qu’il est encore temps, d’être un guide, une lumière dans les ténèbres. Le registre satirique est, la majorité du temps, joint à un argumentaire sombre dans les compositions des troubadours et des trouvères.Bien que nous ne nous soyons que peu intéressée à la place du rire dans la poésie satirique, il semblerait que ce dernier trouve une place de choix dans les satires populaires en langue d’oc et d’oïl. Il faudrait s’intéresser à des genres comme l’estribot, le joc partit (le jeu-parti en langue d’oïl) et développer l’analyse sur la sotte chanson et la fatrasie pour comprendre la place du rire et le recours au détournement parodique dans les satires en langues d’oc et d’oïl.Entre troubadours et trouvères, les sujets satiriques sont semblables ainsi que les topoï, qui avaient déjà été, pour certains, développés par les satiristes latins. Donc, si nous pouvons affirmer qu’il existe bien un socle thématique commun, il est tout de même impossible d’établir la précellence d’une lyrique sur l’autre. Il est difficile d’affirmer que la poésie lyrique satirique en langue d’oc soit un passage entre la littérature antique et les créations des trouvères. Les deux traditions ont hérité du socle thématique antique et en ont réactualisé les propos. Néanmoins, les troubadours et les trouvères ont fait évoluer la poésie satirique en lui imposant des formes ou en jouant avec de multiples interférences registrales. De plus, au fil des rencontres poétiques, la satire qui était encore en quête de construction n’a eu de cesse d’évoluer et de s’immiscer dans un grand nombre de pièces, lyriques ou non. Ainsi, il ne faut pas chercher dans la poésie satirique un lieu ou un moment auquel aurait pu se produire un passage d’une lyrique vers l’autre mais bien percevoir un dialogue continu entre la France et son Midi, entre la lyrique et le roman, entre la courtoisie et la satire tout au long des XIIe et XIIIe siècles.

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