Angélologie et dévotion aux anges au Mont-Saint-Michel : le Libellus de angelis et hominibus... attribué à Pierre Le Roy

Résumé Fr

La dévotion aux anges gardiens a progressivement émergé de l’invocation des puissances célestes comme protecteurs et intercesseurs. L’étude du Libellus de angelis et hominibus, compilation d’oraisons, de récits et d’exposés théologiques élaborée au Mont-Saint-Michel au cours du XVe siècle, montre comment sont alors reliés les aspects spirituels et intellectuels. L’exposé angélologique signale la persistance d’un enseignement monastique basé sur saint Augustin et Grégoire le Grand, relevé d’une touche dionysienne, et limité, sauf exceptions, aux auteurs antérieurs au XIIIe siècle. Le passage du théologique au dévotionnel se fait par le biais d’éléments qui relèvent d’une méditation sur la connaissance angélique et la chute de Lucifer, prototype du destin des hommes. La mention d’Uriel, archange proscrit, trahit l’ancienneté de certaines pièces liturgiques et la recherche extensive de la protection céleste. Le rappel des thèmes classiques de l’imitation des anges et du combat spirituel permet un autre passage, visible dans le vocabulaire, du culte de saint Michel à la dévotion à l’ange gardien personnel. Conjuguant théologie et orientation mystique, le Libellus est une exhortation morale et spirituelle, un appel à entrer dans la familiarité des esprits célestes, à partir d’une meilleure connaissance des enseignements traditionnels. En cela il témoigne de la persistance de l’ancienne culture monastique, mais aussi d’une relation plus personnelle et plus affective avec l’ange gardien, conforme à la piété du temps.