1 février 2025
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Hugo Martin, « Les héros manqués. Pour une dramaturgie racinienne des possibles », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.6675ff...
Cet article cherche à caractériser l’agentivité des personnages de confidents dans le théâtre racinien. Il analyse d’abord le lien, vassalique et de confiance, noué entre le confident et son maître, qui confine au désir d’hybridité, voire de fusion des deux corps. Puis, il caractérise l’agentivité des confidents comme plus puissante que celles de ceux qu’ils servent. Ces personnages n’habitent, en effet, ni le même espace, ni tout à fait le même temps que leurs maîtres – et leur importance s’autorise précisément de ce déplacement. Le confident ouvre l’espace. A l’inverse du héros enfermé, le confident peut passer d’un espace à l’autre. Le confident ouvre également le temps. Démaillant les fils de la fatalité téléologique, le confident propose des bifurcations rationnelles, des possibles non advenus. Ce dernier point s’incarne dans la puissance prophétique du confident. Mais aussi dans la différence de ton avec laquelle il s’adresse à son maître. Là où ces derniers invoquent la destinée, le devoir et la passion, les confidents répondent par la contingence, le compromis et les sentiments. Ces nombreuses bifurcations pourraient donner lieu à des réécritures dramatiques comme autant de variantes. Plus modestement, l’article postule que le discours des confidents incarne en lui-même un possible alternatif, un ailleurs de la tragédie. C’est l’agencement de la contradiction, au présent d’un même texte, qui maintient active sa tension, cet écart d’espace et de temps. En somme, le confident dialectise, médiatise, fraye une troisième voie qui « défatalise » la tragédie, jusque dans sa puissance malfaisante.