12 juillet 2015
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Jean-Claude Domenget et al., « Pour une approche temporaliste des usages et des dispositifs de communication numériques », HAL-SHS : sciences de l'information, de la communication et des bibliothèques, ID : 10670/1.66gxwb
L’appareil théorique construit par la sociologie des usages depuis 30 ans, résumé à travers les deux topiques proposées par Francis Jauréguiberry et Serge Proulx (2011) n’est plus suffisant pour analyser les usages des dispositifs de communication numériques. Le nécessaire renouvellement de notions adaptées aux formes d’appropriation de ces dispositifs, instables par conception, interpelle les chercheurs qui s’intéressent aux usages. L’accent ne doit plus simplement être mis sur la continuité, la reproduction, la filiation des usages mais aussi sur leur fragilité, leur labilité, leur instabilité. Pour renouveler les études d’usages, plusieurs angles d’approches des temporalités peuvent être poursuivis : celui des « moments » du temps (passé, présent, futur), des « échelles » de temps (longue, moyenne et courte durée), des « domaines » de structuration du temps (travail, famille, loisir, intimité…) ou encore des modes d’expression temporelle (récit objectivé ou discours subjectivé) (Dubar et Rolle, 2008). Nous proposons pour notre part de nous concentrer sur les échelles de temps afin d’analyser l’importance de l’historicité et de la diachronicité des usages et des dispositifs. Notre analyse réflexive sur les temporalités comme clé d’analyse des usages et des dispositifs de communication numériques permettra d’interroger le renouvellement de la question du pouvoir des usagers. Elle est fondée sur deux recherches empiriques récentes portant sur différentes populations d’usagers : des professionnels de la visibilité sur Twitter, des usagers ordinaires de l’Internet Relay Chat. A travers l’approche par les temporalités, il s’agit de proposer un vocabulaire adapté, un outil d’intelligibilité de la formation des usages numériques et un modèle dynamique dans lequel les usages se développent en même temps que les dispositifs qui les médiatisent, dans un jeu de constante interaction entre les deux. L’instabilité par conception des dispositifs numériques est une disposition à faire l’objet d’une co-construction par leurs usagers.