2011
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Henri Viltard, « Sem, un regard contre l'objectif », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.66jtto
Devant un portrait charge, le spectateur est frappé par une forme de ressemblance à laquelle ne parvient pas la représentation mimétique classique. La saveur de cet art tient en grande partie dans l’écart existant entre la charge et la représentation mentale de la victime. Cette dernière est souvent forgée dans un va et vient entre la réalité mouvante et les modèles habituels que sont la photographie et le portrait classique. En proposant une nouvelle manière d’appréhender les êtres, le portrait charge crée une véritable surprise. Cet « effet magique » apparaît seulement aux proches du modèle. C’est bien la raison pour laquelle les dessins de Sem ont perdu une grande partie de leur force. Sem retient pourtant toujours notre attention par son souci d’une certaine élégance graphique. Il partage cette caractéristique avec d’autres caricaturistes adeptes d’une épure décorative, comme Cappiello et Auguste Roubille. Cette parenté n’est pas seulement esthétique mais conceptuelle : l’idée que la caricature puisse être « caractériste », c'est-à-dire dénuée d’intention satirique, émerge dès 1895, en Angleterre, dans l’entourage de Max Beerbohm. Cette conception apparaît comme l’un des moyens de légitimer l’art du caricaturiste sur le terrain même du photographe et du cinéaste. Le « Film immobile », un diorama caricatural que Sem a réalisé avec Roubille, fait ainsi osciller la caricature entre le spectacle d’ombre traditionnel et le dessin animé.