Deuil et dépression : temporalité et onirothérapie

Résumé Fr En

Cette observation porte sur un état de dépression a priori que la problématique du deuil va complexifier. Dans ce cas, la dépression a priori est issue d’une situation d’impasse relationnelle précoce que la mise en avant d’une caractéropathie se charge de masquer. Ce fonctionnement caractériel a pour but de détacher le sujet de l’imaginaire onirique (le rêve) et de ses formes équivalentes au sein de la conscience vigile. Le désintérêt pour l’imaginaire en soi est remplacé par une dépendance à l’objet unique qui devient le sujet unique. L’autre idéalisé devient le seul cadre de référence y compris sur le plan spatio-temporel. Le refoulement d’origine caractériel trouve ici ses limites dans l’expérience du deuil, le corps jusque-là vécu de façon fonctionnelle se trouve dépendant de l’autre pour exister, soulignant par là même un trouble de l’identité de soi qui entrave le processus de deuil et lui-même entrave l’accès au sujet. L’espace et le temps au lieu d’être une création constituée par le corps en tant que schéma de représentation (haut-bas, droite-gauche, devant-derrière, dedans-dehors) est remplacé par un cadre de référence qui s’applique de l’extérieur sans le corps ou en contrariant le corps, particulièrement à travers ce cas où l’impasse relationnelle est aussi inhérente à une impasse de nature temporelle. Le champ qu’explore l’onirothérapie s’emploiera dans un premier temps à libérer l’imaginaire dans toute l’étendue de ses manifestations, en considérant les liens existants avec le réel pour permettre l’intégration du relationnel entre l’espace de rêve et l’espace de réalité afin de permettre dans un deuxième temps une confrontation du conflit et sa possible résolution ou transformation. Dans cette deuxième partie onirothérapeutique, les processus d’individuation et de différenciation vont se poursuivre à l’aide de cette pratique thérapeutique et vont permettre progressivement au sujet l’accès à un corps devenant Schéma de Représentation.

This discussion pertains to a state of an incipient depression complicated by the process of bereavement. In this case, the initial depression derives from an early relational impasse which has been masked by an accentuated characterological disorder. This characterological trait functions to free the person from an oneiric, imaginary world (dreams) and its correspondent forms within wakeful consciousness, like fantasy and emotionally driven states. Disregard of the imaginary itself is replaced by a dependence on one particular object that in turn becomes the subject. The idealized other becomes the entire frame of reference also encompassing a spatio-temporal plane. The repression, of characterological origin, finds its limits through the experience of bereavement ; the body, until that point experienced in a purely functional way, now finds itself dependent on the other to exist, thereby highlighting an identity disorder which hinders the bereavement process and, in turn, access to the subject. Instead of the individual’s notion of space and time being constituted by the body itself, as a schematic representation (up-down, left-right, in front-behind, inside-outside), it is replaced by a frame of reference that imposes itself from the exterior, distinct from the body, or that impedes the body, by way of a relational impasse, itself indissociable from a temporal impasse. The domain exploring oneirotherapy must firstly focus on freeing up the imaginary, allowing it to unfold completely. It does this by considering the already existing links with reality, thus enabling the two spaces of dream and reality to interrelate, which will, in turn, enable a confrontation between the two states, a resulting conflict, and its possible resolution or transformation. In this second oneirotherapeutic phase, the processes of individuation and differentiation ensue enabling the subject to gain progressive access to a body that has incorporated a spatio-temporal schematic representation.