2007
Cairn
Samuel Thévoz, « Paysage et nomadismes dans Le Tibet révolté de Jacques Bacot », A contrario, ID : 10670/1.66sc0f
Alors que le Tibet, malgré les explorations répétées dont il fait l’objet, reste à la fin du XIXe siècle largement inconnu, les récits qui relatent ces voyages livrent de nombreuses descriptions de paysage. Entre catégorie esthétique et critère géographique, la notion de paysage est en outre au centre des renouvellements épistémologiques des sciences de l’homme de la fin du siècle. Le débat tourne notamment autour de la notion de « milieu ». Dans cette perspective, la notion de paysage oscille entre géographie et anthropologie. Entre les années 1906 et 1910, Jacques Bacot, un voyageur qui deviendra par la suite un pionnier de la tibétologie française, explore des régions méconnues de ce territoire gigantesque. Ses récits de voyage développent une écriture qui tranche avec les modèles de ses prédécesseurs. Si ces modifications relèvent d’une période particulière de l’histoire intellectuelle française, il convient en outre de relever que J. Bacot relate une rencontre personnelle avec des Tibétains. C’est par eux qu’il accède à des modèles de représentation dont il évalue les particularités et l’universalité. Dans un processus à la fois réflexif et engagé, le voyage de Bacot pose à sa manière les bases anthropologiques de tout un courant de l’histoire de l’orientalisme et de l’histoire des religions. Cet article propose ainsi d’aborder un moment particulier de l’histoire interculturelle entre le Tibet et la France par le biais de la description de paysage dans les récits de voyage de Bacot.