Emilius - de l'os au visage : portrait d'un mérovingien de la Granède (Millau, Aveyron Ve -Xe s. ap. J.-C.)

Résumé Fr

Au cours de ses différentes phases, la fouille récente du site archéologique de la Granède à Millau a permis de mettre au jour les vestiges d’un ensemble complexe. Modifié au cours de son occupation, il comprend, entre autres, une église paléochrétienne avec son espace funéraire, datés des Ve au Xe s. ap. J.-C. Bien que la population inhumée à la Granède semble être globalement homogène biologiquement et dans ses pratiques funéraires, un individu, inhumé à l’intérieur de l’église dans une annexe au chœur, a retenu notre attention du fait de sa situation privilégiée et de son inhumation dans l’un des groupes typologiques de sépultures les moins représentés sur le site. De plus, la datation radiocarbone (425-571 ap. J.-C.), le positionne chronologiquement contemporain de la fondation de l’église, phase clé de la période mérovingienne du site. Une analyse pluridisciplinaire mêlant anthropologie biologique, paléogénomique et imagerie 3D a été menée afin d’approcher au mieux l’identité et l’histoire de vie de cet individu afin de comprendre la raison des pratiques funéraires ou gestes associés dont il a bénéficié. Du point de vue de l’anthropologie biologique cet individu s’éloigne assez peu des autres individus composant la population ostéoarchéologique. Il se démarque cependant par un état de santé bucco-dentaire meilleur que pour la population générale de la Granède. Il présente également quelques enthésopathies au niveau des insertions des muscles de l’épaule et du bras droit pouvant être mises en relation avec une sur-sollicitation du membre lors d’activités répétées. Quelques signes d’infection non spécifique au niveau du membre inférieur droit ont été relevés et sont assez peu courants dans la population. Enfin contrairement à la population adulte masculine, cet individu ne présente aucune atteinte traumatique. L’ensemble de ces signes associé à la localisation privilégiée dans l’église pourrait être démonstratrice d’un rang social différent, peut-être plus élevé. Les analyses génétiques ont révélé des affinités avec les populations actuelles du Sud de la France et ont permis d’obtenir des résultats d’ordres phénotypiques. Ainsi, la combinaison des résultats anthropologiques et génétiques combinés à la reconstruction 3D du crâne et l’approximation du visage de ce dernier, nous a autorisé, dépassant l’aspect scientifique, à proposer un média muséographique, nommé Emilius, à travers la restitution réaliste d’un portrait. Le visage de cet homme adulte, devenant un média utile à la narration de l’histoire de la Granède. L’histoire de l’individu permet d’aborder sous un autre angle l’histoire du site.