2009
Cairn
« Libération de la créativité artistique et neurologie : étude de trois cas », Revue de neuropsychologie, ID : 10670/1.6863e0...
L’effet de pathologies neurologiques sur la création artistique a donné lieu à d’intéressantes et étonnantes publications. De façon moins fréquente, des observations de sujets révélant des aptitudes artistiques après une lésion cérébrale, alors qu’ils n’avaient pas cette compétence avant celle-ci, ont été rapportées. Il s’agit de la réalisation de peintures, de dessins, de composition de musiques ou de chansons, de poésies ou encore de pièces d’artisanat. Ces observations ont été publiées dans la dégénérescence frontotemporale (DFT), l’épilepsie, un cas d’hémorragie cérébrale, les stimulations thalamiques, la maladie de Parkinson sous traitement dopaminergique. Nous rapportons deux cas déjà publiés de sujets DFT s’étant mis à dessiner et un nouveau cas survenant après un accident vasculaire cérébral (AVC) ayant entraîné une petite lésion insulaire postérieure et une lésion du cortex somatosensoriel secondaire (SII) gauches. Dans ce cas, une jeune femme de 36 ans se mit à peindre de façon irrépressible, voire compulsive, alors qu’elle avait modifié son comportement émotionnel. Elle présentait par ailleurs une hémianesthésie corporelle droite avec neuropathie et douleur provoquée au contact et au froid. Elle remarqua que la peinture de couleurs chaudes diminuait la douleur. Nous discutons la survenue de synesthésies acquises. Ces résultats suggèrent que le cortex SII est une zone associative pour les émotions, la sensibilité thermoalgique, la douleur et la motivation. Ce cas contribue à enrichir la littérature sur le thème de la révélation d’un talent artistique et souligne l’implication possible du cortex insulaire que l’on sait plurimodal dans la génération de synesthésies qui pourraient, dans ce cas particulier, participer à la libération d’une production artistique nouvelle.