2024
Cairn
Philippe Le Doze, « L’histoire en écho. Ce que les « chasses » romaines et les « zoos humains » disent de nos mécanismes de pensée », Revue historique, ID : 10670/1.69aea9...
Les logiques à l’œuvre lors des exhibitions d’animaux dans les jeux romains et dans les « zoos humains » se fondent sur des mécanismes de pensée, l’anthropocentrisme et l’ethnocentrisme, dont les modalités (en particulier le sentiment intuitif d’un plus grand achèvement par rapport à l’Autre ou encore une solidarité spontanée avec le semblable) sont en grande partie convergentes. À deux époques historiques éloignées, deux manifestations, l’une mettant en scène des animaux, l’autre des êtres humains, ont contribué à bâtir un récit où se mêlent enjeux impériaux, métaphysiques et pratiques et à asseoir dans l’inconscient collectif un rapport au monde n’allant pas de soi. In fine, ce qui se joue lors de ces manifestations, c’est le droit à dominer. Venationes et « zoos humains » sont l’émanation d’idéologies (l’anthropocentrisme spéciste et l’ethnocentrisme raciste) qui ont permis, en s’appuyant sur le prisme de l’exotisme, de porter et de renforcer ces logiques de domination fondées sur des biais cognitifs.