20 novembre 2015
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Pablo Rojas, « Le développement du savoir-faire musical », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.69wksh
Ce travail de thèse a pour objet le développement du savoir-faire musical. Il s’agit de conceptualiser la façon dont un apprenti instrumentiste s’approprie les savoir-faire des générations antérieures de musiciens. Nous nous appuyons pour cela sur les données d’un recueil longitudinal d’enregistrements de cours d’instruments (guitare, piano et violon).Notre enquête part de l’intuition que le phénomène musical renvoie à un flux animé, un mouvement qui traverse le champ subjectif et le corps. L’écoute musicale requiert alors la participation du sujet – ce qui relève d’un savoir-faire. S’esquisse ainsi une forme de continuité entre perception et savoir-faire qui renvoie à la communauté structurelle de leurs modes de constitution et à leur expressivité intrinsèque. Dès lors, le mouvement qui incarne le phénomène musical n’est pas seulement cinétique mas aussi kinesthésique.Le développement du savoir-faire instrumentiste passe par celui de la topographie musicale de l’instrument ; ce qui intervient à travers un processus d’exploration où l’apprenti exerce son oreille, éduque son attention, et apprend des gestes spécifiques taillés pour la morphologie de son corps et les caractéristiques de son instrument. La transmission intersubjective d’un savoir-faire (musical ou autre) s’appuie en général sur le tutorat qui associe maître et apprenti dans une relation de compagnonnage didactique. Ce processus ne consiste pas à transmettre à l’apprenti des schèmes tout faits mais à le conduire à former ses propres gestes ; des gestes d’une efficacité harmonieuse, conformes à une tradition, dont l’enjeu n’est pas seulement praxique mais aussi esthétique, mythique et stylistique.