La question de l'interprétation dans la pensée de Spinoza

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5 décembre 2017

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Éric Delassus, « La question de l'interprétation dans la pensée de Spinoza », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.6aniw9


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Résumé Fr

Pour aborder la question de l'interprétation dans la pensée de Spinoza, je ne commencerai pas par une référence immédiate au Traité théologico-politique, comme on pourrait s'y attendre, mais en proposant quelques remarques et commentaires concernant l'Éthique et plus particulièrement l'appendice à la première partie dans laquelle il est permis de considérer que Spinoza propose une théorie de l'interprétation qui, me semble-t-il, rejoint, je m'efforcerai de le montrer ensuite, celle qu'il mettra en oeuvre dans le Traité théologico-politique. En effet, cet appendice qui consiste en une critique du finalisme se présente comme une critique de l'interprétation de la nature comme étant le produit de la volonté de Dieu, cet asile dans lequel se réfugie les ignorants lorsque, refusant d'admettre leur ignorance, ils n'ont plus rien à dire. Mais Spinoza, dans cet appendice, ne se contente pas de remettre en question cette interprétation, il cherche également à en comprendre les rouages, à en expliquer le processus de production. En effet, en dénonçant le préjugé finaliste, Spinoza dénonce une interprétation anthropomorphique de la nature, c'est-à-dire une lecture des phénomènes naturels au travers du prisme de l'action humaine qui poursuit des fins. Il remarque donc que les hommes ont spontanément tendance à interpréter les choses de la nature, comme s'il s'agissait d'objets manufacturés qui seraient conçus et agencés en vue de répondre parfaitement à la fonction pour laquelle ils ont été produits. Ainsi, de même qu'un couteau sert à trancher, nos yeux serviraient à voir, nos oreilles à entendre, nos jambes à marcher, le soleil à nous éclairer, l'eau à nous désaltérer et à irriguer les champs et ainsi de suite… La critique qu'il développe au sujet de cette vision tient en ce qu'elle inverse les causes et les effets. Nous n'avons pas des yeux pour voir, nous voyons parce que nous avons des yeux. Ainsi, l'esprit de l'ignorant, l'esprit soumis à la servitude, produit, à partir d'une interprétation erronée de la nature, une illusion, l'illusion finaliste, et ce qui va nous intéresser ici, c'est la manière dont se met en place le procédé spontané d'interprétation qui produit cette illusion. Il y aurait donc, selon Spinoza, à l'origine du préjugé finaliste, une mésinterprétation de la nature qui se ferait, en un certain sens, de manière spontanée chez l'homme qui est initialement toujours en état de servitude, c'est-à-dire soumis aux causes externes sans en avoir pleinement conscience. Néanmoins, si spontanément les hommes ont tendance à produire une interprétation anthropomorphique et, par conséquent, finaliste de la nature, cela ne signifie pas pour autant que cette production se fait sans médiation. Il semblerait d'ailleurs que la conception de l'interprétation qui se dégage de la pensée de Spinoza suppose toujours une médiation. Par

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