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Kevin Perromat Augustin, « Quel rapport avec la morale ? Plagiarisme, réécriture des modèles et valeurs littéraires », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.6bch7v
L’intérêt porté au plagiat et aux poétiques “plagiaristes” traduirait aux dires de certains une véritable “révolution littéraire” dont nous n’assisterions qu’aux premières étapes. Les nouvelles pratiques mettraient en cause les anciennes valeurs littéraires, prédominantes jusqu’à la fin du XIXe siècle : auteur, ouvrage, cohérence, originalité, Propriété Intellectuelle, etc. L’effet combiné de la surabondance de matériaux littéraires et des technologies permettant la réécriture inépuisable de ces matériaux forcerait une redéfinition démocratique des objets littéraires et des modes de “consommation” de ces objets. Par conséquent, nous n’assisterions pas tant à des innovations technologiques qu’à une actualisation des valeurs littéraires en partie liée à ces innovations, et comprenant une transformation (et une dénonciation) du lieu politique par excellence : la fonction auteur. Plus radicalement, d’autres critiques suggèrent une annulation par obsolescence des valeurs littéraires elles-mêmes, déclinaison frauduleuse de valeurs morales et politiques qui ne voudraient pas dire leur nom, dans un contexte où règneraient l’“Écriture non créative” (K. Goldsmith) et les “Génies non originaux” (M. Perloff) ; où les lecteurs et les auteurs, les machines et les humains, les textes, les fragments, les citations, les images, les clips, les langages de programmation et les étiquettes se confondraient dans un World Wide Text, un flux interminable et éphémère, copié-collé, manipulé, partagé et retweeté sans fin. Une écriture sans limites, où les auteurs seraient inévitablement éphémères et interchangeables : une littérature, enfin, “faite par tous et pour tous”.