23 janvier 2018
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Jean-Sébastien Cadwallader, « TCA-MG : Prise en charge des patients atteints de troubles des conduites alimentaires par les médecins généralistes français », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.6bz727
Contexte : Les personnes atteintes de troubles des conduites alimentaires (TCA) auraient un meilleur pronostic s’ils étaient pris en charge précocement pour cette maladie. Le médecin généraliste (MG) est souvent cité dans les recommandations internationales comme un acteur principal de dépistage et de prise en charge précoce des patients atteints de TCA. Les études de prévalence effectuées dans un contexte de soins primaires (SP) ne retrouvent pourtant que peu de patients atteints de TCA, voire aucun. Aucune étude de prévalence en MG en France n’a encore été effectuée. La dépression est souvent étudiée comme une comorbidité fréquente des TCA.Objectif : Etudier la place du MG dans la prise en charge des patients atteints de TCA1)Evaluer l’efficacité d’un dépistage systématique des patients atteints de TCA par des MG sur leur pronostic et leur taux de guérison.2)Décrire les caractéristiques des patients atteints de TCA et suivi en MG et d’étudier la temporalité entre la survenue d’une prise en charge pour dépression et prise en charge pour TCA3)Décrire les perceptions des MG et des patients de la place du MG dans la prise en charge de ces patientsMéthodes1)Revue systématique de la littérature selon les critères PRISMA2)Etude de cohorte à partir de la prise en charge en médecine générale de patients atteints de TCA avec analyse de différents groupes de suivi comparant les patients TCA pris en charge pour dépression et ceux non pris en charge pour dépression.3)Etude qualitative en miroir de patients atteints de TCA et de MG sélectionnés dans la cohorte disponible des MG, avec analyse par théorisation ancrée et phénoménologique en miroir, avec double codage d’entretiens semi directifsRésultats : La revue systématique de la littérature n’a pas permis de conclure à l’efficacité d’un dépistage systématique des TCA par les MG, du fait d’une littérature hétérogène, composée en grande majorité d’articles d’opinion dans un contexte de SP.1310 patients (sur 350 000 patients suivis) ont eu au moins une prise en charge pour TCA par des MG de l’OMG entre 1994 et 2007. 80 % étaient des femmes, âgées de 35,19 ans en moyenne. Seuls 39 % avaient une amorce de suivi pour TCA. 67,1 % avaient une première prise en charge pour TCA. 32,3 % d’entre eux avaient eu au moins une fois une prise en charge pour dépression, dont 62,41 % pour la première fois. Les patients ayant une dépression étaient plus âgés, plus suivis pour TCA que les autres. Un cinquième des patients TCA ont eu au moins une fois une prescription d’antidépresseurs dans leur suivi, un peu moins de la moitié des anxiolytiques. La prise en charge pour DEP ne précédait pas la prise en charge du TCA.Dans l’étude qualitative, les 24 MG et les 8 patientes décrivaient la prise en charge comme difficile et longue. L’enjeu d’une bonne prise en charge dépendait d’une relation de confiance des deux acteurs, d’un côté une patiente prête à se livrer en dépassant le déni et le sentiment de honte, de l’autre côté, un médecin prêt à écouter, en dépassant son sentiment d’impuissance.Discussion : Il s’agit de la première étude en France s’intéressant à la prise en charge des patients en SP, utilisant des méthodes complémentaires. Les enjeux de prise en charge des TCA en SP restent à définir. La dépression et les TCA étaient concomitants et semblent devoir être pris en charge dans une approche globale. Cette approche devra tenir compte de situations retrouvées dans les deux syndromes : la mauvaise estime de soi, une image négative de son corps, des antécédents de maltraitance, des antécédents familiaux psychiatriques de dépression ou de TCA au premier degré.