2007
Cairn
Yannis Thanassekos, « La rhétorique de la catastrophe », Questions de communication, ID : 10670/1.6c3jkb
À la charnière du XXe au ?XXI? ?e? ? ? siècle s’est mis en place un dispositif intellectuel et mental qui tend à accorder à l’« événement Auschwitz » le statut, sur le plan historiographique, d’une matrice pour une révision et une réévaluation de toute l’histoire de l’occident moderne et, sur le plan mémoriel, celui d’un événement sursignifiant à partir duquel doivent s’élaborer les orientations normatives, politiques et juridiques des sociétés contemporaines. Sans négliger es enjeux historiographiques de ces relectures, cet article s’intéresse surtout à leur rhétorique laquelle, mobilisant le pathos et l’hyperbole, a engendré une doxa fondée sur quelques postulats : « Auschwitz » serait un événement qui échappe à la raison, absolument unique, incomparable et irreprésentable. Ce faisant, l’événement se voit complètement décontextualisé, soustrait à l’histoire, pour devenir un pur objet métaphysique livré à des spéculations théologiques et mystiques. Dans sa radicalité actuelle cette rhétorique semble ainsi recycler ; sous le signe de la « dernière catastrophe », tous les schémas de pensée catastrophistes et apocalyptiques propres à toutes les théologies politiques qui n’ont eu de cesse de proclamer l’échec de la raison, l’inanité de l’idéologie du progrès et la fin de tout projet d’amélioration et d’émancipation de l’homme et de la société.