Le ballon de la discorde. Sociohistoire du football dans l'espace public urbain

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Le ballon de la discorde Sociohistoire du football dans l'espace public urbain Après une longue période « d'illégitimité intellectuelle » 1 , l'histoire du football connaît depuis plusieurs décennies une importante production de travaux universitaires, de la monographie locale à l'analyse internationale 2. Le football y est souvent appréhendé dans ses configurations les plus légitimes, celles qui consacrent une pratique dont les règles sont reconnues par les instances sportives nationales et internationales. En revanche, une histoire du football autonome 3 , c'est-à-dire organisé en dehors des institutions officielles et éloigné des terrains balisés, est toujours attendue pour compléter ce paysage historiographique 4. Un tel travail représente une étape importante dans la légitimation académique de cet objet de recherche, sauf à considérer qu'on ne fait entrer pleinement une pratique dans un champ scientifique qu'à partir de ses manifestations les plus institutionnalisées. Pour appréhender l'histoire des formes autonomes de football, une double nécessité s'impose. D'une part, il convient de se déprendre d'une interprétation durcie du schéma développé par Norbert Elias et Éric Dunning 5 , pour qui le football aurait été codifié par les élites. Ainsi, dans sa présentation de Sport et civilisation, Roger Chartier estime, à juste titre, que le sport a créé 1