2015
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Aviv Amit, « La francophonie à l'ère de la mondialisation », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.6cxsqh
Constatant le déclin du statut international du français, mais ne le jugeant nullement inéluctable, Aviv AMIT s'interroge sur les raisons qui ont conduit à cette situation et voit dans la défense de la langue française une illustration d'un combat pour l'expression des diversités. Selon les chiffres de l'Organisation Internationale de la Francophonie (l'OIF), le français est la langue maternelle, ou la première langue étrangère, de près de 200 millions de personnes dans 54 pays, et l'une des langues officielles admises par nombre d'institutions internationales. Cependant, dans un contexte de développement des technologies de masse et de mondialisation, l'anglo-américain occupe une position prédominante sur le plan international. L'auteur plaide non seulement pour la diversité des langues, mais explique l'affaiblissement du rayonnement de la langue française par l'existence d'un "tropisme centralisateur". Ainsi, la référence exclusive au français standard et à la norme hexagonale, voire parisienne, a favorisé une conception élitiste du français comme "langue de culture", voire comme "langue de prestige". Ce fait est étroitement lié à un héritage historique. En effet, certes le français est présent sur tous les continents, mais ce sont les Français de l'Hexagone qui constituent la majorité des locuteurs de la langue dans le monde. En comparant avec les autres grandes langues européennes de colonisation, notamment l'anglais, l'espagnol et le portugais, l'auteur constate que, si le poids linguistique mondial de chacune des autres langues s'est déplacé – vers l'Amérique du Nord ou du Sud – la France est restée, elle, au centre de l'espace francophone. C'est ainsi qu'aujourd'hui « la majorité de l'action langagière française, les divers "produits linguistiques" (livres, chansons, films) et la masse des moyens de sa diffusion, sont centrés essentiellement sur la France, fonctionnant comme un marché monopolisé ».