1983
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Christian Gaillard, « Les biohermes à spongiaires et leur environnement dans l’Oxfordien du Jura méridional », Travaux et Documents des Laboratoires de Géologie de Lyon (documents), ID : 10670/1.6d1c91...
Prolongement direct du travail essentiellement stratigraphique de R. ENAY (1966), cette étude constitue une première approche paléoécologique de l'Oxfordien de la moitié sud du Jura français. Elle est toutefois très nettement axée sur les problèmes relatifs aux bioconstructions à spongiaires qui caractérisent cet étage et cette région. La première partie dresse le cadre sédimentaire général de l'étude qui, comme cela est classiquement admis, est celui d'une plate-forme externe soumise essentiellement à une sédimentation argilo-carbonatée fine. La nature, la répartition et l'origine des sédiments sont d'abord précisées. Une analyse stratonomique où sont abordés les problèmes de stratification, de structure interne des bancs et d'organisation séquentielle tente ensuite de préciser le régime sédimentaire du bassin étudié. De nombreuses observations conduisent à s'interroger sur le mécanisme de mise en place des boues micritiques qui, élaborées en grande partie en plate-forme interne, semblent se répandre selon des modalités sans doute très variables, sur la plate-forme externe. La deuxième partie est consacrée aux biohermes à spongiaires connus dans l'Oxfordien moyen (zone à Transversarium) et dans l'Oxfordien supérieur (zone à Bimammatum). Ce sont des masses calcaires plus ou moins lenticulaires, de faible élévation et se développant au rythme de la sédimentation calcaréo-marneuse ambiante. Trois constituants principaux y sont d'abord mis en évidence : des éponges siliceuses (hexactinellides et lithistides), des encroûtements stromatolithiques (cyanobactéries) développés à partir de la surface supérieure de ces éponges et une matrice micritique identique à celle du sédiment latéral contemporain. Il est ensuite démontré que la construction est assurée par l'action conjuguée des éponges qui forment des structures rigides favorables à la rétention du sédiment et à l'implantation de la vie fixée, et des encroûtements stromatolithiques qui assurent la liaison et la cohésion de l'ensemble. Il apparaît que cet équilibre bio-sédimentaire ne s'est réalisé et maintenu qu'en bordure de plate-forme externe, sous un régime alternant très régulièrement rythmé caractérisant une étape bien précise de l'évolution sédimentaire du bassin jurassien. L'inventaire de toutes les principales formes de vie qui se développent dans ou autour des biohermes est proposé. Les relations des organismes qui, dans certains cas, peuvent être analysées avec beaucoup de précision, permettent de s'interroger sur le fonctionnement de l'écosystème correspondant. La biocoenose ainsi définie semble caractériser l'étage circalittoral et présente certaines analogies avec la biocoenose "coralligène" des fonds actuels. Bien qu'ayant une certaine originalité, les biohermes à spongiaires jurassiens sont très comparables à ceux d'Allemagne, de Pologne et de Roumanie avec lesquels ils forment une guirlande quasi-continue bordant le Nord de la Téthys. D'une morphologie banale et connue tout au long des temps géologiques, ces biohermes sont caractérisés par une association d'organismes constructeurs originale et limitée au Jurassique supérieur. Le Jura français constitue certainement un terrain privilégié pour leur étude. La troisième partie concerne divers aspects de la vie benthique se manifestant hors du cadre strict des biohermes à spongiaires mais permettant de mieux préciser le contexte biologique dans lequel ils s'insèrent. Ainsi, le comblement progressif du bassin étudié par progradation de sédiments d'origine plus interne s'accompagne d'une succession de peuplements dont la signification est discutée. À côté de ces problèmes de répartition où sont pris en compte tous les principaux microorganismes et macroorganismes, sont abordés les autres problèmes d'interactions biosédimentaires (bioturbation et encroûtements biologiques). Enfin, la synthèse paléogéographique qui sert de conclusion, tout en restant très fidèle à celle proposée par R. ENAY (1966), apporte quelques précisions mais soulève aussi quelques problèmes nouveaux.