10 juin 2012
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Luc Rigouzzo, « L’accès du plus grand nombre aux services essentiels ne se fera pas sans une implication du secteur privé et sans une tarification adéquate de ces services », Field Actions Science Reports, ID : 10670/1.6dgyvk
La couverture, via le secteur privé, des besoins en services de base (eau, énergie, services financiers, logement,..) des populations des pays en développement est une nécessité si l’on veut essayer de faire reculer la pauvreté. Toutefois les financements privés « classiques » ne s’orientent pas spontanément vers ces secteurs notamment en raison du refus de faire « payer » un service essentiel à des populations pauvres, sujet qui a fait souvent l’objet de campagnes de rejets de la part d’acteurs de la société civile. De très nombreux exemples montrent pourtant que, compte tenu de l’impact de ces services sur leur qualité de vie, les consommateurs de ces pays, notamment du « bas de la pyramide » sont disposés à les payer pourvus qu’ils aient accès à un service de qualité. Dans ces secteurs, le coût nominal du service importe beaucoup moins que son coût d’opportunité et l’impact qu’aura ce service sur la vie des bénéficiaires. Bien souvent ce service peut même être payé ex ante ce qui peut permettre aux familles de mieux contrôler les dépenses qu’elles peuvent y consacrer. Il faut toutefois distinguer la fourniture de services essentiels de celles de bien de consommation courante et bien entendu éviter les dérives. En tout état de cause la possibilité de construire des modèles équilibrés financièrement conditionne la mobilisation de financement en quantité suffisante de la part des acteurs financiers locaux et internationaux. Dans ce domaine comme dans d’autres, la voie est donc probablement la voie du juste milieu, en évitant les excès d’une sur-tarification, mais en acceptant de conserver des modèles économiques rentables. Ceux-ci doivent permettre aux investisseurs d’avoir des résultats qui les conduisent à accroitre et poursuivre leurs investissements, et d’augmenter le plus rapidement possible le nombre de bénéficiaires. Prétendre construire des modèles sociaux refusant la recherche d’un profit raisonnable et ne permettant aucune distribution de dividendes à leurs actionnaires revient à condamner durablement les plus pauvres à dépendre de la charité ou d’excédents budgétaires hypothétiques et à limiter fortement leur accès à des services pourtant essentiels.