Unequal Pathways ? Specialization Choices in the Reformed French High School System Des parcours inégaux ? Les choix des enseignements de spécialité dans le système réformé du lycée général français En Fr

Résumé En Fr

This research analyzes the social and gendered determinants of high school students’ subject choices under the 2018 reform of the French general baccalauréat, which replaced the former academic tracks (L, ES, S) with a more individualized system: students must now choose three specialty subjects in 11th grade (Première), then retain two in 12th grade (Terminale).The study is based on a mixed-methods approach, combining statistical analysis of 2023 Parcoursup data with a four-year longitudinal qualitative study involving 30 students.The findings highlight the combined effects of gender and social background on students’ subject choices. Specialty combinations that include mathematics are less frequently chosen by girls—except those from privileged backgrounds. Conversely, students from working-class backgrounds are more likely to choose “rare” combinations, meaning subjects that are less valued within the school system. In 12th grade, the selected subject pairs reflect differentiated educational trajectories, shaped by gender, social origin, career aspirations, and subject preferences that are socially situated.This research questions the promise of a more “flexible” high school model and sheds light on the persistence of social differentiation mechanisms. It reveals the presence of implicit rules of the game, which are more easily navigated by students with greater cultural and academic capital.

Cette recherche analyse les déterminants sociaux et genrés des choix de spécialités réalisés par les lycéen·nes dans le cadre de la réforme du baccalauréat général de 2018, qui a remplacé les anciennes séries (L, ES, S) par un système individualisé : les élèves doivent désormais choisir trois enseignements de spécialité en Première, puis en conserver deux en Terminale.L’enquête repose sur une double approche méthodologique combinant une analyse statistique des données Parcoursup 2023 et une enquête qualitative longitudinale menée auprès de 30 élèves suivis pendant quatre ans.Les résultats mettent en évidence les effets croisés du genre et de l’origine sociale sur les choix de spécialités. Les triplettes incluant les mathématiques sont moins fréquemment choisies par les filles, sauf lorsqu’elles sont issues de milieux favorisés. À l’inverse, les élèves des milieux populaires s’orientent davantage vers des combinaisons « rares », c’est-à-dire peu valorisées dans l’espace scolaire. En Terminale, les doublettes choisies traduisent des trajectoires différenciées selon le genre et l’origine sociale, en lien avec des projets d’orientation distincts et des affinités disciplinaires socialement situés.Ce travail interroge la promesse d’un lycée plus « flexible » et met en lumière la persistance de mécanismes de différenciation sociale. Il révèle l’existence de règles du jeu implicites, mieux maîtrisées par les élèves les plus dotés en capital culturel et scolaire.