31 janvier 2024
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Nicolas Brucker, « Antiphilosophie et anti-roman. La fortune éditoriale d’un titre phare des Lumières religieuses », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.6e55c9...
La longue fortune éditoriale du Comte de Valmont de l'abbé Gérard connaît des infléchissements successifs qui peu à peu l’éloignent de l’intention première qui en a guidé l’écriture et du contexte qui l’a vu naître. Il est frappant de constater que dès les années 1830, l’ouvrage n’est plus compris, et que des deux composantes qui en faisaient l’identité, certes composite, aucune n’est plus agréée par les éditeurs. Jugé rébarbatif pour la partie philosophique, et dangereux pour la partie romanesque, il ne subsiste que grâce à la réputation de son auteur. L’anonyme auteur du Comte de Valmont, devenu une légende au terme d’un « plan de communication » déployé par d’habiles libraires, continue de faire exister un titre qui sans cela aurait depuis longtemps déserté les rayons des libraires. Avec le nom de l’abbé Gérard s’expriment un attachement aux valeurs de l’ancienne France, celle d’avant les révolutions, et le besoin d’un rempart contre d’autres bouleversements, qu’on sent tout proches. Vu du XIXe siècle, le siècle des Lumières, où s’opposent en deux camps opposés apologistes et philosophes, semble si rassurant dans son apparente simplicité.