29 juin 2022
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Houénoukpo Samson Sébastien Tokannou, « Structuration de l'espace sous le magistère du Roi Agaja (1708/11-1740) : une contribution à la connaissance des palais du Royaume de Danxomé (Dahomey) », Theses.fr, ID : 10670/1.6ecomc
La ville d’Agbomè et sa campagne ou banlieue génériquement dénommée Agbogudo se sont développées sur un plateau de « terre de barre », un sol argileux que les différents occupants du site ont destiné à divers usages. L’agriculture, sous diverses formes, est la première activité que pratiqua la population. À côté d’elle, de nombreuses autres occupations professionnelles existaient : la fabrication des poteries et des pipes (céramiques), l’activité métallurgique essentiellement. Les hommes et les femmes qui s’y adonnaient venaient d’horizons divers. Bien qu’aucune preuve matérielle retrouvée ne désigne d’emblée Zasa comme un site militaire, notamment utilisé pour la formation des agoojie, rien ne permet d’exclure cette éventualité, car seulement une infime partie des sites a été fouillée. Or, la tradition et l’histoire sont formelles sur cette question. Toutefois, l’hypothèse d’un usage domestique et celle de la présence d’esclaves royaux sont certaines. En conséquence, les palais ou leurs personnels dirigeants conduisaient une agriculture nourricière de la capitale Agbomè. Ces derniers étaient autant des dignitaires anato (hommes libres) que des princes, dont il est dit que la zone représente pour eux une prison, une forme de reconversion ou de « travaux forcés » si l’on juge ce processus. Les pratiques vodun devaient être évidentes. Mais, les données matérielles ne donnent pas une réponse définitive de ce fait. Les sondages sur le site de Zasa et les datations qui en sont issues suggèrent une occupation continue depuis la fin du XVe siècle jusqu’à l’actuel. Cette tranche chronologique souligne l’occupation du site avant la royauté du Danxomè, et sa réoccupation plusieurs fois après la conquête coloniale de 1894. Hier comme aujourd’hui, Zasa et la zone voisine sont des zones d’agriculture. Les palais eux-mêmes semblent avoir succédé à des champs. Au moins, de toute évidence, la région était occupée avant leur construction au vu des vestiges retrouvés dans les parois des murailles extérieures. Parmi les produits consommés, la Musa sp. (banane) est en bonne place. Le mobilier retrouvé, pour le moment, n’atteste pas d’une population d’élites. Les analyses mettent en relief une exploitation de la ressource du sol local pour fabriquer les céramiques, et pour bâtir les palais. Ceci suggère également la mise en œuvre de techniques locales. Au vu de nos résultats de fouille, il est possible de dire que les deux palais fouillés n’ont pas longtemps été occupés par une cour royale ou des personnes libres. Néanmoins, il faut plus de travaux pour tirer une telle conclusion. Ce qui est sûr, c’est qu’à partir de ces palais, une urbanisation s’est développée et une organisation fut faite pour produire des denrées nécessaires à la survie du cercle du pouvoir. Il est très probable que les palais d’Agbogudo aient eu cette fonction. À partir d’eux également s’organisait une défense de la capitale royale, bien qu’éphémère quand la menace devient forte. Aussi, en une période où l’épidémie de la variole a beaucoup sévi, cette urbanisation autour des palais, qui permettait d’éloigner des groupes les uns des autres et de mettre à l’abri la famille royale, parfois même de cacher certains de ses membres devrait être une manière d’arrêter sa propagation. Mais, cette dernière argumentation reste à approfondir.