2010
Cairn
Pascal Ottavi, « Langue corse et polynomie : Retour sur un processus langagier dans l'enseignement secondaire », Cahiers de sociolinguistique, ID : 10670/1.6ew3ym
Plus que toute autre langue régionale, la langue corse possède aujourd’hui un certain droit de cité dans le paysage institutionnel national. Si l’on envisage sa situation en fonction du point de la Charte européenne des langues minoritaires, sa situation apparaît cependant plus précaire. Mais un second trait la singularise au moins autant que le précédent : l’adoption à son bénéfice du concept de polynomie. J.-B. Marcellesi définit les langues polynomiques comme des « langues dont l’unité est abstraite et résulte d’un mouvement dialectique et non de la simple ossification d’une norme unique, et dont l’existence est fondée sur l’affirmation massive de ceux qui la parlent, de lui donner un nom particulier et de la déclarer autonome des autres langues reconnues » (1984).Nous voudrions aujourd’hui faire un point sur l’application de ce concept en milieu scolaire. A travers un certain nombre d’interviews, conduites auprès de professeurs de collège ou de lycée, choisis en fonction de critères particuliers, nous avons voulu savoir comment ils concevaient la polynomie, comment ils la mettaient (ou non) en œuvre et comment ils envisageaient son avenir. Nous avons également cherché à comprendre s’il s’agit au bout du compte de l’enregistrement d’une situation de fait qu’il a fallu à un moment donner théoriser, d’un objectif à atteindre ou bien encore d’un processus langagier dont on peut éventuellement dégager une valeur paradigmatique.