Contribution à une réflexion sur l'usage du plagiat par les publicistes espagnols du XVII e siècle (Santa María voleur de Pérez et autres chapardages)

Résumé Fr

Mon propos est de réfléchir à l'influence que les modes de production et de circulation des écrits politiques ont sur la pratique du plagiat en Espagne au début du XVII e siècle 1. Le point de départ de l'enquête est une observation concernant la façon dont nombre des discours politiques reproduisent en chaîne argumentations et séquences textuelles. Tout se passe comme si les ouvrages de certains auteurs tels que Bodin, Machiavel et Lipse étaient indéfiniment démembrés puis réemployés. Le caractère, fréquent mais non systématique, du plagiat invite à la réflexion. Au-delà de leur réputation déjà bien établie, pourquoi sont-ce précisément ces auteurs dont on emprunte les textes ? Quels sont les éléments que l'on y « vole » et comment sont utilisés ces fragments pour aboutir à du « nouveau » ? Pourquoi les plagiaires citent-ils Aristote, Cicéron ou Sénèque et pillent-ils sans scrupules Bodin, Machiavel ou Lipse ? Les premiers seraient-ils tenus pour des autorités et les seconds considérés comme de simples sources 2 ? Telles sont les questions qui sous-tendent la réflexion que je vais tenter d'engager à partir de l'étude de quelques exemples de « plagiats » tirés du traité República y policía cristiana para reyes y príncipes… du père Juan de Santa María. Je concentrerai mon enquête sur les derniers chapitres de l'ouvrage où certains passages sont empruntés à l'oeuvre d'Antonio Pérez 3. Ce