Pour une géocritique en contexte postcolonial : Villes et espaces africains dans quelques romans francophones

Résumé Fr

« Y a-t-il un paysage africain ? » se demande Michel Collot qui, suivant les analyses de J.M. Coetzee, observe qu’il est absent de la littérature orale traditionnelle et apparaît dès lors comme un héritage colonial. Bien que d’essence postmoderniste et occidentale, du moins à l’origine, la géocritique de Bertrand Westphal peut contribuer à une analyse des espaces afri-cains dans la littérature postcoloniale de langue française. Le propos de la géocritique est de « sonder les espaces humains que les arts mimétiques agencent par et dans le texte, par et dans l’image, ainsi que les interactions culturelles qui se nouent sous leur patronage », mais elle contribue également à un renversement des points de vue : la culture regardée cesse d’être le siège exclusif de l’altérité et elle devient même regardante.Comme la géocritique, les études postcoloniales s’interrogent sur des questions de re-présentation et leur approche est contextualisante, scrutant les environnements géographiques et socio-politiques. L’objet de l’article est d’étudier les affinités méthodologiques entre géo-critique et postcolonialisme et d’observer comment la démarche initiée par Bertrand Westphal peut s’inscrire dans un contexte postcolonial et donner lieu à une lecture de l’espace africain, notamment urbain, dans quelques romans francophones de Mongo Beti, Bernard Dadié, Ah-madou Kourouma, Henri Lopes, Alain Mabanckou, Patrice Nganang et Tierno Monénembo.