15 décembre 2023
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Hannah Volland, « L’écriture de soi comme forme de connaissance », Revue critique de fixxion française contemporaine, ID : 10670/1.6kmn0f
Ces dernières années, le paysage littéraire français a été bouleversé par plusieurs vagues de dénonciations de violences sexuelles qui n’ont pas seulement détonné dans l’espace médiatique et sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les récits littéraires. Au sein de ce corpus grandissant, Mémoire de fille (2016) d’Annie Ernaux occupe une place centrale. Le récit retrace l’expérience désastreuse et formatrice d’une initiation sexuelle que l’autrice-narratrice a vécue dans le choc du désir et de la dépossession, à l’âge de dix-huit ans, quand elle est engagée en tant que monitrice dans une colonie de vacances. L’écriture s’y avère un puissant vecteur d’agentivité : c’est à travers l’acte d’écrire que le sujet autobiographique opère un retour critique sur le passé, revisitant et resignifiant les souffrances vécues en y décelant un sens non seulement individuel, mais aussi partagé et collectif. À partir d’un jeu de renvois entre le récit autodiégétique et les intertextes littéraires, philosophiques et cinématographiques – jeu qu’on propose de qualifier d’autothéorique – l’écriture devient “une forme de connaissance” (MF : 96) ; un outil heuristique apte à forger un savoir qui dépasse les limites de l’intime et du personnel, et qui engendre une réflexion féministe subtile et nuancée.